Le Traducteur

Affiche Le Traducteur
Réalisé par Rana Kazkaz, Anas Khalaf
Titre original Le Traducteur
Pays de production Syrie, France, Suisse, Belgique, Qatar
Année 2020
Durée
Genre Thriller, Drame
Distributeur Agora
Acteurs Miranda Tapsell, Ziad Bakri, Yumna Marwan, David Field, Sawsan Arsheed, Fares Helou
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 863
Bande annonce (Allociné)

Critique

Film coup de poing qui revient sur le Printemps arabe, Le Traducteur explore le combat du peuple syrien face à un gouvernement tyrannique. Illustrant le pouvoir des mots et des images, il joue avec les nerfs du spectateur tout en le faisant réfléchir.

Alors qu’il était enfant en Syrie, Sami (Ziad Bakri) a vu son père se faire enlever lors d’une manifestation pacifiste contre le gouvernement. Des années plus tard, devenu traducteur et participant aux Jeux olympiques de Sydney, Sami commet une erreur en interprétant la réponse d’un athlète concernant le régime de Bachar el-Assad. Sami doit alors trouver refuge en Australie, où il va construire sa vie, loin des tourments syriens. Cependant, en 2011, lorsqu’éclate le Printemps arabe, une vidéo montrant son frère Zaid se faire arrêter le pousse à retourner dans son pays pour tenter d’aider sa famille.

Réalisé à la manière d’un thriller, Le Traducteur n’a rien à envier aux films d’espionnage américains façon Steven Spielberg. L’enchaînement des actions et le rôle que jouent les personnages dans l’intrigue, pas toujours faciles à cerner, participent d’ailleurs à la notion de confusion et de chaos ambiant. Le récit aborde de nombreux thèmes forts et malheureusement toujours d’actualité tels que le fait de se voir trahi par son gouvernement qui recourt à la violence face à des manifestations pourtant pacifistes. À cet égard, le film dénonce l’oppression politique, mais célèbre également le courage et la résilience du peuple. Le Traducteur se penche aussi sur des thématiques plus personnelles telles que la culpabilité que ressent le protagoniste face à sa lâcheté; la femme de son frère lui reproche de se cacher confortablement en Australie alors que sa famille et ses anciens amis souffrent et se battent. Les liens familiaux occupent une place prépondérante dans la réalisation, offrant des moments d’émotion plus intimes.

La récit s’intéresse également au pouvoir de deux composants inhérents au cinéma: la paroles et l’image. En utilisant un mauvais mot lors de sa traduction aux Jeux olympiques, Sami met en danger sa propre vie et celle des membres de la délégation syrienne qui l’accompagnent, accusés d’être complices de ce lapsus qui pourrait ne pas en être un. Mais le traducteur est également soupçonné par son entourage de se cacher derrière sa fonction et de ne pas avoir le cran de parler pour lui-même, contrairement à son frère qui en a payé le prix. Ainsi les mots sont puissants, capables de mettre à mal le régime en place et par conséquent, considérés comme une arme dangereuse. D’un autre côté, les images revêtent également une grande importance dans le combat du peuple syrien, comme le démontre le besoin qu’éprouve Karma, la belle-sœur de Sami, de filmer les événements pour les retransmettre à l’étranger. Mais, de même qu’un mauvais mot dans une interprétation peut changer tout le sens d’une phrase, les images peuvent elles aussi être trafiquées, comme le montre le film. L’œuvre tient donc un discours sur la manière dont les informations au sujet des pays en guerre sont relayées (ou non), et sur le danger qui existe à ne voir qu’une partie de la vérité. Sa capacité à emmener le spectateur sur le fil du rasoir, entre réalité et fiction, ne laissera pas indifférent.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 15
Marvin Ancian 15