Dune

Affiche Dune
Réalisé par Denis Villeneuve
Titre original Dune
Pays de production U.S.A.
Année 2021
Durée
Musique Hans Zimmer
Genre Science fiction, Drame
Distributeur Warner Bros
Acteurs Stellan Skarsgård, Oscar Isaac, Rebecca Ferguson, Jason Momoa, Timothée Chalamet, Stephen Henderson
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 863

Critique

Dune, c'est un univers dense et complexe parfaitement maîtrisé et exposé. Malheureusement, une exposition, même virtuose et réussie, ne se suffit pas à elle-même. Sans sa suite, le film laisse un goût aussi amer qu'une promesse non-tenue. Pour l’instant…

L’adaptation de Dune au cinéma est un long serpent de mer. Beaucoup de réalisateurs se sont cassé les dents sur ce classique de la littérature de science-fiction, sans succès. Malgré l’adaptation ratée de David Lynch en 1984, Hollywood n’a pas lâché l’affaire et a tenté de relancer le chantier au moins une fois par décennie. Alors quand le Canadien Denis Villeneuve a pu finalement accomplir son rêve d’enfant en portant sa vision de ce monument sur grand écran, les nombreux aficionados de space opera avaient de quoi être rassurés. En effet, cela faisait 10 ans que le réalisateur assimilait parfaitement la machinerie lourde des grands studios hollywoodiens pour mettre en scène des films ambitieux et très réussis (citons, entre autres, Prisonners, Sicario, Blade Runner 2049).

Une vision et des moyens, ce sont assurément deux ingrédients nécessaires pour transposer cet univers dense et complexe sur grand écran. Il y est question d’une civilisation futuriste au fonctionnement féodal qui a pu conquérir l’univers grâce à une ressource, l’Épice. Cette dernière n’est présente que sur une seule planète, Arrakis, et des puissantes familles se la disputent sur fond de conspirations géopolitiques. Chez Paul (Timothée Chalamet), le jeune héritier des intendants d’Arrakis, un lien mystique se tisse peu à peu avec ce monde désertique et hostile, notamment au travers d’étranges rêves prémonitoires.

Comme attendu, Denis Villeneuve parvient parfaitement à nous immerger dans l’univers foisonnant imaginé par Frank Herbert, où le destin d’un héros se dessine au milieu d’un fatras d’intrigues politiques complexes. L’élaboration de ce monde imaginaire est prodigieux:  costumes somptueux, décors naturels splendides (essentiellement en Namibie, Jordanie et Norvège) sublimés par des effets spéciaux intégrés avec grandeur et une bande originale signée Hans Zimmer particulièrement inspirée… tout est là! Le film recèle une kyrielle de scènes qui auraient certainement pu être décousues si le travail du monteur Joe Walker n’avait pas été aussi réussi. Le tout s’articule ainsi de manière fluide et passionnante.

Pourtant, le film présente un problème, et pas des moindres: il est inachevé. Dès le départ, Dune a été pensé comme un diptyque. C’est à la fois sa force et sa faiblesse. En prenant son temps, le film permet au spectateur de mieux digérer une matière complexe. En revanche, il n’offre rien de satisfaisant au niveau de la dramaturgie. Là où Georges Lucas était parvenu à raconter une histoire dans la grande saga avec Star Wars: Un Nouvel Espoir, Dune colle (trop?) fidèlement au roman et se termine en plein milieu du récit sans ajuster ses développements narratifs. Et on a comme l’impression d’avoir assisté à un somptueux épisode d’une série TV. Le problème, c’est qu’il n’y a aucune garantie que l’univers ne persiste au-delà, la suite étant conditionnée à un succès massif du premier opus. Certes, Dune n’est pas qu’une belle coquille vide, notamment lorsqu’il résonne avec les problématiques écologiques et politiques actuelles, mais, encore une fois, son récit et les actions de ses personnages sont interrompus trop brutalement. On ne peut dès lors que recommander aux amateurs de bonne science-fiction d’aller s’imprégner de cet imaginaire stimulant et prometteur au cinéma, sans quoi Dune risque de ne s’apparenter qu’à une tempête de sable dans un verre d’eau.


Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 15
Georges Blanc 10
Adrien Kuenzy 14
Marvin Ancian 14
Anthony Bekirov 9