Délicieux

Affiche Délicieux
Réalisé par Eric Besnard
Titre original Délicieux
Pays de production FRANCE
Année 2021
Durée
Musique Christophe Julien
Genre Comédie dramatique
Distributeur Praesens-Film
Acteurs Isabelle Carré, Grégory Gadebois, Benjamin Lavernhe, Guillaume De Tonquédec
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 862

Critique

Un film qui a le mérite d’éveiller les papilles, avec deux personnages attachants qui parviennent à émouvoir, tant leurs différences deviennent de puissants révélateurs du potentiel de l’autre. Le tout finit malheureusement par se noyer dans un Feel Good Movie assez fade.

Sans doute beaucoup de gens ne le savent pas: en France, le premier restaurant est né au début des années 1780. C’est durant cette période que Délicieux, du cinéaste français Éric Besnard, déroule son récit. Peu avant la Révolution française, Pierre Manceron (incarné par Grégory Gadebois), un chef de cuisine inventif et bougon, commet une erreur lors d’une réception donnée par son maître, le duc de Chamfort. Désirant sortir des sentiers battus, il propose aux invités une nouvelle création à la truffe, le Délicieux, à base de pommes de terre; c’est un scandale, un cuisinier ne doit pas prendre d’initiatives, tout comme il est inadmissible de sublimer des produits poussant sous terre et de les présenter à la noblesse. Refusant de s’excuser, Pierre Manceron est viré et repart en campagne avec son fils adolescent. Il retrouve les ruines de la maison de son père et offre de quoi récupérer des forces aux voyageurs, en échange de quelques pièces. L’arrivée de la mystérieuse Louise (Isabelle Carré), qui supplie pour devenir l’apprentie de Pierre, donnera à ce dernier un nouvel élan. Jusqu’à l’aider à ouvrir un des premiers restaurants de France et ainsi démocratiser la bonne cuisine, au grand malheur de certains.

Les bons sentiments prennent très vite le dessus dans ce film qui tiendrait en une seule phrase: la gastronomie est une affaire de partage qui dépasse les classes sociales. Bien que Louise cache de lourds secrets à Pierre qui les éloignent quelque temps, c’est bien au travers de leurs échanges qu’on trouvera un quelconque intérêt au film. La cuisine étant, à l’époque, réservée aux hommes, Pierre apprend progressivement - grâce à sa sensibilité bien dissimulée - à faire confiance aux talents cachés de sa protégée. De son côté, Louise pousse habilement Pierre à explorer sa créativité et réussit finalement à trouver sa place dans la société. Certaines scènes sont savoureuses, notamment quand les repas en cours de création font oublier le fil du récit. On se laisse volontiers aller à ces amnésies libératrices. Ou quand la construction en trois actes saute tellement aux yeux qu’elle emprisonne, jusqu’à étouffer sous un sac de farine ou une dinde, c’est selon.

Dans un entretien croisé avec Thierry Charrier et Jean-Charles Karmann, les conseillers culinaires du film, on apprendra quand même quelques anecdotes croustillantes autour des plats qui toujours débarquent à profusion. Au sujet notamment d’une impressionnante recette de canard. «L’animal est cuit puis désossé; ensuite, on badigeonne la carcasse de saindoux pour recoller les morceaux de viande et reconstituer l’animal comme c’était l’habitude à l’époque», explique le premier. Les deux conseillers invitent enfin les spectateurs à passer de la fiction à la réalité, en partageant, dans leur dossier, la recette détaillée du fameux Délicieux. «Montez en superposition avec une rondelle de pomme de terre, une pincée de fromage râpé, une lamelle de truffe et répétez l’opération jusqu’en haut du moule.» Bon appétit.

Adrien Kuenzy

Appréciations

Nom Notes
Adrien Kuenzy 11
Serge Molla 11