Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux

Affiche Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux
Réalisé par Destin Daniel Cretton
Titre original Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings
Pays de production U.S.A.
Année 2021
Durée
Musique Joel P. West
Genre Action, Fantastique
Distributeur The Walt Disney Company
Acteurs Tony Leung Chiu Wai, Awkwafina, Florian Munteanu, Simu Liu, Fala Chen, Meng'er Zhang
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 862

Critique

La dernière production Marvel était attendue avec des sentiments mêlés: initiateur d’une nouvelle phase dans l’univers de ses super-héros, Shang-Chi porte la lourde responsabilité d’assurer la transition. Mais le vent qui souffle de l’Est semble à même de mener la saga dans des directions insoupçonnées.

Black Widow, sorti au début de l’été, posait le point final à l’époque des figures les plus iconiques de l’aventure Marvel. Adieu à Tony Stark, Natasha Romanoff et Steve Rogers, bienvenue à Shang-Chi, Katy et Xialing! Shang-Chi et la légende des dix anneaux marque donc l’arrivée de nouveaux personnages, d’une nouvelle dimension. Et il n’y a pas à discuter: le studio réussit particulièrement bien son intégration d’autres cultures. En 2019, Black Panther avait immédiatement placé en tête des super-héros le regretté Chadwick Boseman et tout le Wakanda, diversifiant sans caricature l’équipe des Avengers. Le film de Destin Daniel Cretton est lui aussi une vraie proposition, où arts martiaux, traditions et légendes chinoises se marient sans peine aux bases posées jusque-là.

Qu’en est-il de l’histoire? Shaun (Simu Liu) est un jeune homme qui mène une vie tranquille à San Francisco, aux côtés de son amie d’enfance Katy (Awkwafina). Les ombres de son passé vont toutefois le rattraper et l’amener à redevenir Shang-Chi, le fils du puissant Mandarin (Tony Leung Chiu-wai), maître des dix anneaux de pouvoir. Construit autour d’une série de flash-back qui renvoie toujours à la même figure disparue, la mère, le film prend le temps de déployer la toile de fond sur laquelle viennent se greffer les conflits, blessures et prises de conscience du présent. Si les rapports familiaux sont au cœur du récit, la lecture qui en est faite change agréablement du catégorique «la famille est ce qu’il y a de plus important» des Américains. Ici, il s’agit de se construire à partir de tout ce qui a précédé, lumière ou obscurité, de génération en génération.

L’absence de manichéisme permet également de redessiner sans cesse les relations entre les protagonistes: Shang-Chi et son père, certes, mais aussi entre lui et sa sœur, perdue de vue depuis sa fuite aux Etats-Unis. Et les individus eux-mêmes échappent aux rôles types habituels, en témoigne particulièrement le Mandarin, homme qui a abandonné ses conquêtes guerrières séculaires pour l’amour d’une femme. La disparition de celle-ci et le deuil impossible dictent dès lors ses actions, et la narration. Dans un monde où les âmes disparues ne sont jamais loin, où la magie se manifeste encore à ceux qui la recherchent, la tentation est grande de croire que la mort n’a pas eu lieu. Quitte à en oublier ceux qui sont présents, même ses propres enfants.

Magie et arts martiaux offrent d’ailleurs un contrepoint visuel bienvenu aux éléments structurels du genre: les combats deviennent danses, une nature vivante s’oppose aux technologies militaires, et l’ensemble de se mêler, puisque rien ne demeure distinct dans un monde où tout est connecté. Le film a par ailleurs la bonne idée de marquer directement son affiliation au reste de l’univers Marvel, par quelques apparitions clins d’œil réjouissantes, qui, bien que brèves, créent sans peine ce sentiment de familiarité. On attend donc la suite avec impatience, à un bémol près. Face aux présences magnétiques de grands acteurs comme Michelle Yeoh et Tony Leung Chiu-wai, les jeunes recrues que sont Simu Liu (Shang-Chi) et Meng’er Zhang (sa sœur) manquent cruellement de charisme. Même Awkwafina, moins hiératique, se retrouve dès lors cantonnée au rôle de relai comique. Espérons que les films à venir leur permettront de gagner en épaisseur.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 14