Supernova

Lorsque la maladie met à mal une relation conjugale, elle soulève bien des questions et joue un rôle de révélateur, en dévoilant le secret des êtres.

Sam (Colin Firth) et Tusker (Stanley Tucci) sont ensemble depuis vingt ans. Alors que Tusker se sait atteint de la maladie d’Alzheimer, le couple effectue un voyage en Angleterre. C’est l’occasion pour eux de repasser par quelques lieux dont ils gardent de bons souvenirs, de retrouver la famille de Sam et de rassembler leurs amis. Mais Tusker et Sam n’envisagent pas leur virée sous le même angle. Le premier, écrivain, a conscience qu’il ne peut plus rédiger quoi que ce soit et ne veut pas perdre le contrôle de sa personne, alors que le second, pianiste, veut être fort et tout mettre en œuvre pour l’accompagner dans ses derniers mois, peut-être années.

Difficile de faire face à toutes les angoisses et questions que soulève un mal qui risque de conduire à devenir l’ombre de soi. Tusker affronte toutes ces interrogations depuis que le médecin a posé son diagnostic. Acceptera-t-il de ne plus pouvoir écrire? Consentira-t-il à être de plus en plus dépendant de son compagnon ou au contraire en aura-t-il honte? Sam trouvera-t-il la force de le soutenir comme il le veut en son for intérieur? Pourra-t-il continuer à exercer parallèlement son métier de musicien? Et qu’adviendra-t-il au lendemain de la mort de Tusker? S’en remettra-t-il?

Voyager en camping-car, c’est-à-dire dans un espace clos, conduit à bien des confidences et les silences deviennent même parlants. Il faut dire que les deux acteurs rivalisent de retenue dans leur jeu. La moindre inflexion des lèvres, l’infime froncement de sourcils, une presque imperceptible tension, rougeur ou pâleur du visage trahissent les émotions qui parfois submergent l’un ou l’autre. La vue qui se trouble en raison d’une larme retenue, le regard qui se détourne pour ne pas attester de l’insupportable faiblesse, les mots qui rivalisent de tendresse mais qui s’affûtent pour dénoncer le prétendu égoïsme: tout exprime la densité d’une relation longuement tissée et entretenue.

La nature de l’Angleterre profonde avec la douceur de ces collines et ses ciels menaçants fait écho aux troubles du couple. Et quand une gosse, tout comme Sam, apprend à lire la voûte céleste en compagnie de Tusker, n’est-ce pas pour suggérer qu’un être cher continue à nous habiter malgré son absence, tout comme l’étoile qui continue à briller alors qu’elle n’est plus?