Monte Verità - L’ivresse de la liberté

Affiche Monte Verità - L’ivresse de la liberté
Réalisé par Stefan Jäger
Titre original Monte Verità
Pays de production SUISSE
Année 2021
Durée
Musique Volker Bertelmann
Genre Drame
Distributeur DCM
Acteurs Hannah Herzsprung, Max Hubacher, Maresi Riegner
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 861

Critique

Avec cette fiction quelque peu prévisible, le réalisateur suisse Stefan Jäger retrace une partie de l’histoire du Monte Verità, au Tessin, et de la communauté de libres penseurs qui a tenté d’y mener une vie éloignée des dogmes de l’époque.

A l’orée du XXe siècle, un petit groupe mené par Henri Oedenkoven et Ida Hofmann s’installe près d’Ascona pour y fonder un lieu où rapport à la nature, remise en cause des mœurs et autarcie sont la nouvelle norme. C’est à travers le personnage fictif d’Hanna (Maresi Riegner) que l’on découvre ce petit «monde hors du monde», qui a subsisté jusqu’au départ de ses initiateurs pour le Brésil en 1920. Jeune femme violentée par son mari abusif, étouffant dans la société corsetée de l’époque, elle suit là-bas un jeune médecin progressiste… pour y découvrir une liberté insoupçonnée.

La tendance à dépeindre les époques passées comme des prisons dont il s’agit de sortir au nom de raisons tout à fait contemporaines est toujours plus courante (qu’on pense à Ammonite, CF n. 856). Stefan Jäger n’entend pas faire autre chose, ni tenter l’originalité en termes d’esthétique. Reconstitution exacte, éclairages et couleurs soignés, il suit les pas de ses prédécesseurs en la matière. Mais il se choisit un fil rouge a priori intriguant: la photographie. Porte d’entrée dans le récit - Hanna s’évanouit lors d’une séance dirigée par son mari photographe - elle invite d’emblée à découvrir l’envers du décor, ici l’ère victorienne, décriée pour sa rigidité envers les individus, tout particulièrement les femmes et leurs désirs. Par elle, Hanna va se redécouvrir et apprendre à regarder le monde autrement.

Un tel choix permet aussi de jouer avec la forme même du film, en figeant régulièrement des plans, comme autant de photographies prises par le personnage. C’est aussi une façon de conférer au récit sa part de réel, d’historique, puisqu’elles sont inspirées d’images d’archives. Toutefois, le procédé est employé de façon un peu trop appuyée pour vraiment emporter l’adhésion. Cette lourdeur dans la signification se retrouve aussi dans les dialogues, qui surajoutent de l’explicite à une narration qui n’en demandait pas autant et n’aident guère les acteurs à habiter de façon convaincante leur personnage. Une tendance au surlignage qu’on retrouve en dernier lieu dans les plans de nature, censés transmettre toute la force, les présences et la beauté de ce lieu magique. Hélas, à multiplier les images, mêmes esthétiques, Jäger les rend anodines, sans âme, privées qu’elles sont d’un temps long et d’un regard plus confiant qui leur aurait permis de vraiment se déployer.

On retiendra toutefois une présence au sein de cette peinture plus formaliste que la société qu’elle tente de dénoncer: la lumineuse Hannah Herzsprung qui incarne Lotte, sorcière accompagnant discrètement la communauté et le cheminement de Hanna vers sa nouvelle vie. Et dans son visage, quelque chose vibre qui dépasse de très loin toutes les tentatives du film pour dire cet ailleurs qui est tout autour de nous.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 11