Berlin Alexanderplatz

Affiche Berlin Alexanderplatz
Réalisé par Burhan Qurbani
Titre original Berlin Alexanderplatz
Pays de production Allemagne, Pays-Bas
Année 2020
Durée
Musique Dascha Dauenhauer
Genre Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Joachim Krol, Albrecht Schuch, Welket Bungué, Jella Haase, Annabelle Mandeng, Richard Fouofié Djimeli
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 861

Critique

Sélectionné à la Berlinale en 2020, Berlin Alexanderplatz suit le parcours d’un jeune réfugié dans les bas-fonds de la capitale allemande.

Dans cette adaptation libre et modernisée du célèbre roman d’Alfred Döblin publié en 1929, le cinéaste Burhan Qurbani propose une plongée dans le ventre du Berlin d’aujourd’hui à travers le parcours de Francis, un réfugié ayant fui la Guinée-Bissau. Le film débute par les images d’un naufrage, au cours duquel la femme du jeune homme perd la vie. Arrivé par miracle en Allemagne, Francis se fait le serment de rester sur le droit chemin et de profiter de la seconde chance qui lui est offerte. C’est sans compter sur sa rencontre avec Reinhold, un voyou perturbé et manipulateur, qui lui fait miroiter une vie meilleure à condition de rejoindre son réseau de deal. Déchiré entre une volonté de s’en sortir honorablement, amplifiée par l’amour qu’il porte à Mieze, une prostituée croisée au cours de ses péripéties, et une pulsion autodestructrice alimentée par le racisme qu’il subit au quotidien, Francis tombe dans les griffes de Reinhold. Le long métrage dépeint ensuite son ascension et sa chute dans les rues de la capitale allemande, une trajectoire toujours marquée du sceau de la violence.

Construit en cinq actes s’étendant sur près de trois heures, le film se déroule à un rythme haletant et les déboires de Francis se font le relais d’un propos politique. En effet, une fois le personnage arrivé en Europe, son destin semble scellé par les lacunes du système d’accueil et par les réflexes teintés de colonialisme de ceux qui se trouvent sur son chemin - Reinhold, allemand de pure souche, le considère comme inférieur, l’utilise comme larbin, et met systématiquement tout en œuvre pour l’empêcher de se sortir de la misère. Le récit est par ailleurs servi par un duo d’acteurs très convaincant: Welket Bungué donne à voir avec sensibilité les élans contradictoires qui animent le jeune réfugié, et Albrecht Schuch - vu récemment dans l’excellent Benni (Systemsprenger, 2019) - se glisse avec brio dans la peau d’un Reinhold cruel et pervers.

Pour couronner le tout, le réalisateur parvient à transposer visuellement le style fourmillant du roman dont il s’inspire, en usant d’une mise en scène inventive et parfois volontairement tape-à-l’œil: plans larges méticuleusement construits, effets lumineux et éclairages au néon, séquences musicales immersives, flash-back chargés de symboles sont autant d’éléments qui font de cette œuvre, pourtant adaptée d’un monument de la littérature du XXe siècle, un objet proprement cinématographique.

Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 17
Marvin Ancian 16