Seize Printemps

Premier long métrage de Suzanne Lindon, Seize printemps est un parfait exemple de cinéma bourgeois et sans intérêt.

Suzanne (Suzanne Lindon), 16 ans, tombe amoureuse de Raphaël (Arnaud Valois), un comédien de 35 ans qu’elle voit fumer des cigarettes et boire des cafés tous les matins sur le chemin du lycée, devant le théâtre où il prépare une pièce. Séduit par la jeune fille, l’homme entame une relation avec elle. Ce scénario plus que dérangeant est traité par Suzanne Lindon dans Seize printemps avec un premier degré désarmant: tout est filmé comme une jolie histoire d’amour à l’eau de rose, avec son lot de regards langoureux, de dialogues niais, de crises de larmes et de musiques sucrées.

Au-delà de son propos profondément discutable - peut-on vraiment traiter comme une belle amourette l’emprise d’un homme mûr sur une jeune fille à peine sortie de l’enfance? -, le film se caractérise par une mise en scène au mieux banale et peu réaliste, au pire profondément gênante - les étapes de la relation entre les deux protagonistes sont marquées par des scènes chorégraphiées qui sont autant de longs moments de solitude pour le spectateur.

La jeune réalisatrice présente ainsi avec beaucoup de maladresse les états d’âme sans intérêt d’un personnage central antipathique (qu’elle incarne elle-même, en toute modestie), en manquant grossièrement les enjeux potentiels d’un tel sujet. Plus encore, le film tout entier semble découler d’une forme de naïveté bourgeoise intégrée - mais pouvait-on réellement attendre autre chose de la part de la fille de Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain, pur produit d’un champ cinématographique français fonctionnant depuis des années en vase clos et multipliant les productions médiocres teintées d’élitisme?