True Mothers

Affiche True Mothers
Réalisé par Naomi Kawase
Titre original Asa ga Kuru
Pays de production Japon
Année 2020
Durée
Genre Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Hiromi Nagasaku, Miyoko Asada, Arata Iura, Aju Makita, Taketo Tanaka
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 859
Bande annonce (Allociné)

Critique

True Mothers est une œuvre fabuleuse. Ou plutôt, c’est un film qui jouit du pouvoir magique de suturer des expériences visiblement opposées, l’exclusion et la chaleur humaine, pour mieux toucher à l’universel.

Kiyokazu et Sakoto forment un couple épanoui qui rêve de fonder une famille. A la suite de nombreuses déceptions, ils apprennent en réalité que Kiyokazu souffre d’azoospermie (absence de spermatozoïdes dans l’éjaculat). Pensant d’abord à féconder un enfant in vitro, ils choisissent finalement la solution de l’adoption après notamment le visionnage d’un reportage télévisuel sur le sujet. C’est donc ainsi que leur histoire sera pour toujours liée à celle d’Hikari, la jeune fille de 14 ans qui a donné naissance à Asato, l’enfant qu’ils ont adopté. Six ans après, alors que la famille vit heureuse au centre de Tokyo, Hikari reprend contact avec les jeunes parents afin de récupérer Asato.

Dès l’ouverture de son long métrage, la réalisatrice Naomi Kawase nous donne le la. Un écran, intégralement noir, est irradié par des cris, ceux d’Asato, sur le point de naître, le balancement des vagues accompagnant cette mise au monde: le flux et le reflux de l’eau épouseront le mouvement des sentiments sans pourtant jamais éteindre l’humanité qui les anime. Le film nous offre ainsi dès son commencement la clé pour sublimer sa poésie: convoquer les forces de la nature pour mieux exprimer l’indicible. Faire de la puissance suggestive du montage un traducteur de l’intensité émotionnelle qui agite chacun des personnages, tous magnifiquement écrits. Ainsi, les rayons solaires dansent à travers les branches pour dire l’emballement des premiers élans amoureux; les feuilles, agitées par le vent, rappellent tous ces visages chaleureusement filmés par une caméra attentive à leur moindre frémissement; comme des tentatives de posséder ce qui toujours menace de se dérober, les personnages s’efforcent d’attraper avec leurs mains la lumière, fuyante, dans laquelle ils baignent et qui souvent les enveloppe délicieusement (une lumière qui est d’ailleurs magnifiée par le travail merveilleux effectué sur l’éclairage).

Aussi, il nous semble inévitable de saluer la structure narrative sur laquelle repose l’entièreté du long métrage: tout le film s’organise autour de deux flash-back, absolument centraux, qui reviennent sur les destins respectifs, mais fondamentalement connectés, des deux mères. De ce fait, Naomi Kawase s’arrache à la facilité de raconter un récit à partir d’une seule et unique conscience: ici la focalisation multiple, en accordant autant d’importance à chacune des figures maternelles, témoigne du regard, sincère et profond, avec lequel la réalisatrice transpose la vie de ces femmes. Mais plus encore, la multiplicité des points de vue qui compose ce long métrage, en dépit de son côté académique, fonctionne comme un révélateur de la complexité du réel. En effet, en nous montrant, par exemple, un même événement à différents moments du film, en fonction de la perspective adoptée, la réalisation nous invite, nous spectateurs, à enrichir notre manière de percevoir le monde et à prendre conscience de son ambiguïté inhérente. True Mothers se donne alors, selon nous, comme une œuvre profondément humaniste: en refusant continuellement que nous adoptions des jugements précipités et unilatéraux sur les personnages, ce film fait le choix d’ouvrir au maximum nos facultés d’empathie et de compréhension. Et pour cela, on le remercie, tendrement. Les yeux émus.

Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 17
Serge Molla 17