Conducta

Affiche Conducta
Réalisé par Ernesto Daranas
Titre original Conducta
Pays de production CUBA
Année 2014
Durée
Musique Juan Antonio Leyva, Magda Rosa Galbán
Genre Drame social
Distributeur trigon
Acteurs Alina Rodriguez, Armando Miguel Gómez, Armando Valdés Freire, Amaly Junco
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 858

Critique

Le quotidien de La Havane donne à Ernesto Daranas l’essentiel de son inspiration. Ici, le sujet est un enfant et, à travers lui, un système éducatif qui doit composer avec la délinquance et la misère.

L’enfant s’appelle Chala (Armando Valdés Freire). Il a 11 ans et hante les quartiers ruinés de La Havane. Personne ne connaît son père; sa mère est toxicomane, c’est lui qui s’efforce de gagner l’argent du ménage. Mais où trouver de l’argent quand on est trop jeune pour travailler et que tout autour règne au mieux la débrouillardise, au pire la petite criminalité. Par ailleurs, Chala fréquente l’école où enseigne Carmela (Alina Rodríguez), une enseignante qui le protège, mais dont l’âge et la mauvaise santé donnent des arguments à ceux de ses collègues qui défendent une pédagogie beaucoup plus conventionnelle. En fin de compte, Chala évolue sur le fil, toujours en risque d’être interné par les services sociaux.

«Notre pays vit depuis quasiment vingt-cinq ans dans une crise économique permanente qui laisse des traces avant tout sur la jeune génération, en particulier sur les enfants de condition modeste dont elles déterminent l’existence. Il y a souvent des problèmes à la maison et les nécessités économiques débordent.» On sent bien quel est le point de vue que défend le réalisateur. Une enseignante comme Carmela est à elle seule la mère et la famille; elle est la providence des gamins qui, sans elle, finiraient par abandonner l’école.

C’est un schéma classique dans les régions de misère; pour preuve, le scénario est construit sur des faits réels. Ernesto Daranas et son équipe ont observé les gamins des rues, les antres des immeubles délabrés, enquêté dans les familles, rencontré les enseignants les plus divers. Ce long travail de prospection assure l’aspect documentaire du film à qui il donne sa trame réaliste. Les broderies, sur cette trame, ne sont autres que les relations humaines, les amitiés, le respect qui existe ici et là entre certaines personnes. Et l’affection, comme celle que Chala porte à son épave de mère, comme celle que Carmela assure à ses élèves.

Les différents protagonistes, touchants dans leur manière de tenir tête à la vie, sont autant de réussites sur le plan de la distribution et de la direction d’acteurs. Ce sont eux qui donnent au film ses couleurs, ses surprises, sa chair. Car pour le style, Daranas a choisi la simplicité et «la sincérité». Il met en scène sans rechercher l’effet, sans contourner la réalité pour, au contraire, mettre en valeur ses personnages. La Havane lui offre ce décor ambigu fait de grandeurs passées et de décrépitude contemporaine.

Ernesto Daranas a conçu le film avec plusieurs de ses élèves en cinéma et, raconte-t-il, «Cela m’a surpris que, malgré notre diversité et la différence d’âge, nous soyons autant d’accord sur les questions de difficulté de la formation et de l’éducation, particulièrement dans les milieux marginalisés». Ce constat en dit long sur la lucidité avec laquelle l’ensemble des Cubains considèrent les difficultés de leur pays.


Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15