Opération Portugal

D’origine marocaine, Hakim est un jeune flic de quartier sympathique mais maladroit et poursuivi par la malchance. Dans le cadre d’une enquête sur un gros trafic de drogue, il est infiltré dans une communauté portugaise en se faisant passer pour l’un des leurs. Il n’a donc que quelques jours pour devenir un vrai Portugais dans son apparence, son accent, sa connaissance des coutumes... et des chantiers de construction.

L’affiche, le synopsis et les dix premières minutes, lourdaudes et peu drôles, font craindre le pire. On se dit que l’on va assister à une nouvelle comédie policière à la franchouille, avec son lot de gags poussifs, d’humour bien au-dessous du cerveau et de la ceinture, de clichés racistes et d’intense autosatisfaction. En gros, on s’apprête à subir une sorte de suite à 30 jours max. Lorsque l’on sait en outre que le réalisateur et l’acteur principal d’Opération Portugal viennent tous deux du Jamel Comedy Club, on redoute d’assister au one-man-show d’un humoriste filmé par un metteur en scène qui ne cherche qu’à le mettre en valeur, ce qui n’a jamais fait un film réussi.

Et puis une fois cette peu glorieuse séquence d’introduction passée, surprise, on respire. Le film parvient heureusement à éviter les écueils de vulgarité, de racisme et de mauvais goût. Alors certes, les scénaristes n’ont pas inventé l’eau chaude, rien de ce qu’ils nous servent n’est novateur ou irrésistible. Il n’y a pas de quoi se relever la nuit. Toutefois, on ne se moque pas avec arrogance du public. Certains dialogues sont marrants, les sourires se dessinent par moments et on peut même parler de tendresse dans la dernière partie, lorsque le petit flic marocain se trouve une nouvelle famille. Quant à l’acteur principal, l’humoriste D’Jal, il ne cherche pas à se mettre constamment en avant, sait être sobre quand il le faut et est même absolument sympathique. On peut voir le film pour lui. Il est de plus bien entouré par des seconds rôles tels qu’Antonia de Rendinger (La Deuxième étoile), Pierre Azéma (The Crown) ou Sarah Perles (Sofia). Finalement, les moments les plus pesants et longuets sont ceux consacrés à la mère du héros, personnage relativement fatigant, outrancier et guère utile au récit.

En bref et d’une manière générale, Opération Portugal est honnête à défaut d’être bon, rigolo à défaut d’être réussi. Mais après nous être vus infliger beaucoup de comédies françaises excessivement médiocres et au service exclusif d’humoristes télévisuels, on se dit que c’est quand même mieux que rien. Ce film ne mérite certes pas d’attirer les foules en masse dans les salles, mais peut-être amusera-t-il ados et jeunes parents à l’occasion d’un samedi soir de pluie devant le petit écran.