First Cow

Affiche First Cow
Réalisé par Kelly Reichardt
Titre original First Cow
Pays de production U.S.A.
Année 2020
Durée
Musique William Tyler
Genre Western, Drame
Distributeur Sister Distribution
Acteurs Gary Farmer, Ewen Bremner, Toby Jones, Scott Shepherd (II), John Magaro, Orion Lee
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 858
Bande annonce (Allociné)

Critique

Western aux allures de fable revenant sur l’origine du rêve capitaliste, First Cow enchante tant par la composition de ses plans, que par sa simplicité et le jeu de ses acteurs.

Suite à la découverte, dans une époque contemporaine à la nôtre, de deux cadavres, le récit nous plonge au début du XIXe siècle au milieu d’une nature sauvage et foisonnante en Oregon. Le rapprochement temporel entre ces deux époques donne au récit, dès le prologue, l’allure d’une fable.

Cookie (John Magaro) est un cuisinier accompagnant des trappeurs qui le malmènent quelque peu. C’est lors de ce périple qu’il rencontrera une première fois King-Lu (Orion Lee), à qui il sauvera la vie en l’aidant à fuir. Une amitié se nouera par la suite entre ces deux outsiders. L’un l’étant par ses origines chinoises, l’autre parce qu’il ne parvient pas à trouver une place parmi les hommes qui l’entourent. John Magaro parvient avec finesse et retenue à exprimer la difficulté de son personnage à exister aux yeux des autres. Proche des végétaux, des animaux, des enfants, il prend soin de ceux qui ne peuvent le blesser. Des plans d’ensemble, la plupart du temps fixes, jouent à créer des contrastes entre Cookie et la nature hostile. Des cadres et un étalonnage soignés accentuent les différences de couleurs entre la nature et lui, rendant l’ensemble magnifique, sans pour autant que la crasse, bien au contraire, ne soit absente de l’image.

Une fois installé dans un village portuaire, Cookie retrouvera King-Lu. Deux solitudes qui se rencontrent et qui, ensemble, montent un commerce prometteur de beignets, bâti sur un interdit: le lait provient de la première vache des Etats-Unis, propriété d’un riche notaire des environs.

Inscrit dans le genre du western, First Cow prend le parti des marginaux. Au moment de la rencontre des deux amis, Cookie s’étonnera du niveau d’anglais de King-Lu, pensant se retrouver face à un Indien. L’altérité, généralement représentée dans le western par les indigènes prend alors une autre forme. Mais leurs prétentions, surtout celle de King-Lu, ne diffèrent pas des pionniers avides de s’enrichir: il parviendra à convaincre Cookie de faire fortune grâce à son talent de cuisinier, pour quitter ce lieu et monter leur propre commerce. Alors, la gourmandise les conduira à vouloir tirer toujours plus de lait, au péril de leur propre vie. Avec ce fil narratif des plus élémentaires, la réalisatrice américaine parvient à créer une tension, par des montages alternés qui laissent bien le temps à l’imagination. Par exemple comment un garde, qui ne suspecte rien, en viendra, par hasard, à découvrir la combine de deux amis ou encore en jouant, à l’intérieur d’un plan d’ensemble, sur l’obscurité pour inscrire dans un même cadre, poursuivants et poursuivis…

Fable sur le capitalisme d’une sobriété étonnante, First Cow, dénonce le rêve américain, tout en montrant bien le point de vue de ceux qui d’emblée n’y ont pas droit.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 19