Slalom

Des montagnes imposantes. Des scènes de ski spectaculaires. Des acteurs brillants. Un sujet glaçant traité avec subtilité. Le premier film de Charlène Favier est une claque, tant sur le fond que sur la forme!

Il y a des films dont on entend beaucoup parler avant de les découvrir. Coïncidant avec la réouverture des salles, la sortie de Slalom a fait couler beaucoup d’encre chez nos voisins français. Podcasts élogieux, articles dithyrambiques et émissions applaudissant des deux mains le long métrage de Charlène Favier, nous trépignions d’impatience de le découvrir. Même si peu distribué, le film est désormais visible en Suisse. Reste à savoir s’il tient ses promesses? La réponse est un grand oui! Slalom est une œuvre splendide qui comble toutes les attentes.

Lyz (Noée Abita) a 15 ans. Elle vient de rejoindre une section ski-étude en Savoie, à proximité de ces montagnes qu’elle aime tant. Les spatules aux pieds depuis l’âge de 4 ans, la jeune adolescente est prête à tout pour réussir. Fred (Jérémie Renier), ancien champion devenu entraîneur, voit un énorme potentiel dans la jeune fille et la prend sous son aile. Mais très vite, l’aile se transforme en griffes et Fred s’avère être un prédateur féroce. Un loup solitaire animé de pulsions animales. Tout comme la métaphore qui va avec, la bête est d’ailleurs omniprésente dans le film. Comme logo sur les équipements du club d’abord, mais surtout en chair et en os, errant dans la nuit des cimes environnantes. Mais Lyz doit-elle forcément voir le loup pour atteindre ses ambitions?

Durant sa première moitié, Slalom met en place, lentement mais implacablement, la relation skieuse/entraîneur. Nous découvrons la détermination de Lyz et l’emprise que Fred a petit à petit sur elle. En tant qu’entraîneur, il n’est, dans un premier temps, pas choquant de le voir rotter les cuisses de sa protégée pour lui chauffer les muscles ou lui demander de se déshabiller afin d’effectuer un examen médical. Puis, au sein de cette relation ambiguë, une limite est franchie brisant tous les repères de Lyz qui devra se reconstruire seule. Reconstruction qui prendra forme, en toute fin de film, lors d’une dernière scène puissante où la jeune fille saura trouver le(s) mot(s) juste(s).

Pour finir, saluons la prestation bluffante de Noée Abita (déjà remarquée dans le très bon Ava) qui crève l’écran, tant par sa maturité que la finesse de son jeu. La jeune actrice incarne à la perfection cette ado perdue entre son désir de réussite et celui de son coach. En livrant cette performance parfaite, elle donne une dimension encore supérieure au film qui, parmi les nombreuses sorties, est un coup de cœur indéniable.