Journal intime

Affiche Journal intime
Réalisé par Stefan Haupt
Titre original ZÜRCHER TAGEBUCH
Pays de production SUISSE
Année 2020
Durée
Musique Tomas Korber, Alexis Haupt
Genre Documentaire
Distributeur Xenix
Age légal 6 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 857

Critique

Un journal intime zurichois qui dit le monde pour dessiner en creux la place du sujet. Une forme d’autobiographie collective donc, de laquelle n’émerge hélas pas véritablement de regard singulier.

Comment s’inscrit-on dans le monde, lorsque nous avons une position de privilégié? Comment parvenons-nous à aider? A prendre part aux changements, mesurer leur importance, alors même que la routine est le meilleur moyen de les rejeter dans l’oubli, tout comme la vitesse de l’information, qui ne cesse de la rendre obsolète pour nous en proposer de nouvelles.

C’est à ce tourbillon de questions que s’attaque Stefan Haupt dans ce documentaire qui prend vie à travers son journal intime, lu en voix over sur des images de la ville de Zurich, de ses lieux en pleine transformation, ou des lieux de passages, dans lesquels tant d’individus se croisent sans jamais se rencontrer. La saturation, le sentiment d’impuissance, la confusion s’expriment par des plans qui partent de ces décors pour virer à l’abstraction, ce qui constitue parmi les plus beaux moments du film. La musique électro, composée notamment par l’un de ses fils, rend compte de ce tournis qui engourdit l’esprit, de l’aspect froid et mécanique d’un monde qui court à sa perte, quand bien même certains signes d’espoir apparaissent ici ou là, lorsque les citoyens se mobilisent, pour la grève des femmes notamment.

Pour appréhender l’environnement dans lequel il s’inscrit, le réalisateur donne également la parole à ses proches: famille, amis, connaissances qui offrent un panel varié de représentants de la société (étudiant, ancien diplomate, informaticien, migrant qui travaille en cuisine, etc.) On aurait aimé adhérer entièrement à Journal intime, tant le fait de tenter de ressaisir le macro à partir du micro nous séduit. Pourtant, le film rate son but. A vouloir revenir sur beaucoup d’événements marquants et aborder trop de thématiques à la fois, on reste en superficie. Que ce soient les séquences sur la bulle immobilière qui deviennent des leçons pédagogiques express, les poncifs exprimés sur la paternité, ou encore des images vues et revues auxquelles s’ajoute un discours trop convenu. Finalement, en insérant des photographies de la jungle de Calais, ou une séquence d’une Syrie dévastée sans regard singulier, ne participons-nous pas aussi à rendre l’information obsolète? Au lieu d’un renouvellement, il semble y avoir une reproduction. Et au singulier se substituent des généralités.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 12