De la cuisine au parlement – édition 2021

Affiche De la cuisine au parlement – édition 2021
Réalisé par Stéphane Goël
Titre original De la cuisine au parlement – édition 2021
Pays de production SUISSE
Année 2021
Durée
Genre Documentaire
Distributeur First Hand Films
Acteurs Marina Carobbio, Simone Chapuis- Bischof, Amélia Christinat, Ruth Dreifuss, Tamara Funiciello, Marthe Gosteli, Elisabeth Kopp, Gabrielle Nanchen, Patricia Schulz, Brigitte Studer
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 857

Critique

De la cuisine au parlement revient sur le chemin de croix de nombreuses femmes qui ont lutté pour revendiquer leurs droits et accéder à des postes à haute responsabilité, en mettant en évidence la tendance réfractaire de l’individu au changement, aussi nécessaire soit-il.

«Ce n’est pas si vieux et ça laisse des traces.» Cette affirmation d’une des intervenantes résume l’enjeu du dernier documentaire de Stéphane Goël: bien que le droit de vote ne soit plus remis en cause aujourd’hui par personne, que la femme mariée n’a plus, depuis 1987, à recevoir d’autorisation de son mari pour travailler (!), certains stéréotypes qui sous-tendent les inégalités entre hommes et femmes sont encore bien présents. Pour le cinquantième anniversaire du droit de vote féminin en Suisse, le cinéaste ajoute une demi-heure, en lien avec les événements de ces dernières années, au documentaire réalisé dix ans plus tôt, donnant un prolongement, et une continuité, aux actions entamées dans la deuxième moitié du vingtième siècle. Si l’ajout brise la cohérence initiale, cela ne gêne pas pour autant.

Par ce film, une voix est alors donnée à ces femmes qui sont parvenues à des sphères desquelles elles étaient généralement exclues (telles les conseillères fédérales Elisabeth Kopp et Ruth Dreifuss) mais aussi aux anonymes (dans les archives), pleines de ferveur et de conviction, qui se sont unies autour d’un même désir, d’un même combat.

Mais De la cuisine au parlement est bien plus qu’un document historique. Dès les premières séquences d’archives un discours formel se met en place: la voix dans les archives est, presque systématiquement, celle des défenseurs du patriarcat. Que ce soit d’ailleurs celle des hommes mais aussi des femmes, qui se refusent à sortir du cadre de compétences imposé par le machisme, certaines qu’elles sont que leur nature les y cantonne. La presse apparaît également, au même titre que la religion et la loi, comme garante de la tradition et de l’inégalité, par les questions déplacées qu’elle adresse aux femmes qui sont sorties de la fonction qu’on leur a attribuée. Au contraire, dans les entretiens réalisés pour le documentaire, seules des femmes prennent la parole - une voix over masculine contextualise par moments les images - et déconstruisent les stéréotypes sur les femmes. De cette manière, le long métrage de Stéphane Goël prend part à ces luttes féminines et nous amène à nous interroger sur ce qui parle en nous quand on est trop prompt à condamner ce qui est en mesure d’ébranler nos certitudes.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 16