Luana – L'école du bout du monde

Affiche Luana – L'école du bout du monde
Réalisé par Pawo Choyning Dorji
Titre original Lunana: A Yak in the Classroom
Pays de production Bhoutan
Année 2020
Durée
Genre Aventure, Drame, Famille
Distributeur trigon-film
Acteurs Sherab Dorji, Tshering Dorji
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 857
Bande annonce (Allociné)

Critique

Dans le classement des contrées où les habitants sont le plus heureux, le petit pays du Bhoutan, à la lisière de l’Himalaya, est en tête depuis plusieurs années. On parle de «bonheur national brut». Cela mériterait d’être vérifié! Ce qui est sûr, c’est que ce film tendre et délicieux, ainsi que les somptueux décors naturels qu’il nous montre, donnent très envie d’y aller faire un tour.

Ugyen est un jeune Bhoutanais citadin, vivant dans la capitale, et qui travaille comme instituteur. Il le fait sans enthousiasme aucun, son rêve étant de partir en Australie pour y devenir chanteur. Il est toutefois obligé de ronger son frein, car il doit encore un an de service à l’Etat. Il est réquisitionné, sans qu’il puisse s’y opposer, pour enseigner quelques mois dans l’école de Lunana, un village de cinquante habitants dont il ignore tout. Il ne tarde pas à comprendre que cet endroit se trouve au bout du monde. Il s’embarque donc, contraint et forcé, dans un périple d’une dizaine de jours à travers la montagne pour rejoindre l’école la plus isolée du Bhoutan et de la planète, où il est attendu avec impatience.

Le film entier est un magnifique voyage initiatique. D’abord avec le trajet proprement dit durant lequel, accompagné de guides, Ugyen peste d’être obligé de partir dans ces confins isolés et froids, où l’électricité est aléatoire. Il est, durant ce voyage épuisant, parfaitement hermétique à la beauté des paysages et à la chaleur humaine qui lui est témoignée par ses compagnons de route. Puis, bien sûr, ceci ne durera pas: la rencontre avec les habitants de Lunana et les enfants dont il aura la charge le toucheront de plus en plus. Découvrant des gens qui l’accueillent avec respect et curiosité, il se voit invité par les parents à éduquer leurs enfants de manière à ce qu’ils puissent devenir autre chose que des gardiens de yacks. Ugyen finira par toucher du doigt ce bonheur simple, et s’y consacrer pleinement.

Il est difficile de qualifier le film avec un terme unique. Un drame oui, peut-être, mais alors destiné à tous et qui fait du bien. Lunana est une merveille. De quoi détromper tous ceux qui ont des préjugés négatifs sur le cinéma dit «du monde». Le récit, classique dans sa forme, est d’une grande profondeur, non dénué d’humour, et profondément beau. D’autant plus lorsque l’on sait que le film fut tourné sur les lieux de l’action, avec des acteurs non professionnels, notamment les enfants, qui habitent réellement à Lunana et dans ses environs hostiles, où la vie n’est pourtant que sourires et générosité. Le personnage principal, qui finira par apprendre de ses élèves autant qu’il leur enseignera, entraîne le public avec lui dans ce monde dont il ignore tout et qu’il doit apprivoiser. Tous les comédiens sont formidables. Le film nous propose également une très jolie façon d’envisager la vie et son prochain, à travers des anecdotes, des traditions, des croyances et des chansons locales. Une œuvre à ne pas manquer, qui vous touchera par sa force, sa simplicité, sa grande beauté, et le sentiment de plénitude qu’elle provoque.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 17