Vaches sur le toit

Affiche Vaches sur le toit
Réalisé par Aldo Gugolz
Titre original KÜHE AUF DEM DACH
Pays de production SUISSE
Année 2020
Durée
Musique Pietro Luca Congedo
Genre Documentaire
Distributeur First Hand Films
Acteurs Fabiano Rauber, Eva Clivio, Santino Rauber
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 857

Critique

Ne cherchez pas trop longuement des «vaches sur le toit». On est bien dans un alpage et les pieds sur terre, mais ce documentaire nous emmène aussi ailleurs et tente de reconstituer une difficile et sombre affaire de disparition.

Fabiano (Fabiano Rauber, qui joue son propre personnage), 38 ans, a eu des parents hippies qui ont tenté, dans les années 70 et sur les hauteurs tranquilles d’une vallée tessinoise, de s’installer et de fabriquer du fromage de chèvre. Avec l’envie de vivre sa propre vie, Fabiano décide à son tour de devenir fromager dans la même région. Il se marie, sa femme Eva (Eva Clivio) a un enfant, mais les choses se gâtent lorsque Nikola, un travailleur «au noir» macédonien de 57 ans que Fabiano a engagé illégalement dans son entreprise, disparaît subitement et de façon inexplicable en mai 2017. On retrouvera son corps quelques mois plus tard dans la montagne. Pour la famille de Fabiano, les rêves d’une nouvelle vie indépendante en prennent un sacré coup.

Le film d’Aldo Gugolz (réalisateur suisse de 58 ans, auteur de Rue de Blamage, sur la vie des habitants d’une rue lucernoise à la recherche d’une existence nouvelle) démarre donc comme un documentaire sur la vie alpestre. Les paysages sont beaux, l’orage gronde souvent, les habitants de l’alpage mènent une vie solitaire et le temps passe lentement. Le récit opère alors un retour en arrière et l’on découvre qu’il s’agit d’événements réels et vécus: Fabiano a engagé Nikola, mais il commet l’erreur, lorsque son employé ne revient plus à l’alpage, de ne pas signaler aux autorités sa disparition inattendue. Autour de lui les gens commencent à parler, à suspecter Fabiano d’être mêlé à ce qui apparaît comme une vilaine affaire: il est choqué et se sent culpabilisé. Le film intègre dès lors une nouvelle composante, celle d’une enquête concernant la mort d’un homme.

Auteur, dès 1985, de nombreux documentaires, Aldo Gugolz a bien connu Fabiano Rauber et a suivi, avec sa caméra, son expérience de fromager montagnard et tessinois sur l’Alpe d’Arena. Dans son film, il a voulu mettre en évidence l’entourage de cet homme, à savoir des membres de sa famille et les gens dévoués à sa cause. D’où un long métrage qui aborde les problèmes liés à la bonne marche d’une petite entreprise fromagère et gênée par les règles de l’économie locale et celles de l’immigration: le tableau n’est pas très optimiste, et les éléments de l’enquête relative à la mort de Nikola bousculent l’ordonnance du documentaire et la description du portrait du jeune agriculteur. Le spectateur en apprendra plus dans les dernières séquences et le générique final.

On ajoutera que la bande sonore - alliant subtilement les grelots et les sonorités des lieux à une musique discrète et bien intégrée - est remarquable. Le film a obtenu le Prix du Jury du Festival Visions du Réel en 2020.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 15