Le Périmètre de Kamsé

Affiche Le Périmètre de Kamsé
Réalisé par Olivier Zuchuat
Titre original Le Périmètre de Kamsé
Pays de production SUISSE
Année 2020
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Outside the Box
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 856

Critique

Documentaire suisse sur les tentatives d’un village burkinabé pour sauver son agriculture - et son futur - Le Périmètre de Kamsé échoue à être autre chose qu’une succession d’images sans rencontre.

Suivant une œuvre toute tournée vers l’Afrique, le réalisateur Olivier Zuchuat installe, pour son dernier film, sa caméra à Kamsé, petit village du Burkina Faso. Les terres agraires, dévastées par la sécheresse, vont peu à peu reprendre vie grâce à l’initiative des habitants. Prenant exemple sur une ferme modèle, située dans la région, ils (ou plutôt elles - car les femmes sont bien plus nombreuses même si peu présentes à l’image) vont enchaîner les travaux de délibération, délimitation, excavation, plantation, jusqu’à voir les premières pousses revenir. Le film suit pas à pas ce lent processus, capté uniquement à travers des plans fixes comme autant de tableaux.

Certes, il n’y a pas à être Chris Marker ou Jean Rouch pour faire un documentaire réussi mais le constat n’en est pas moins brutal: on ne rentrera presque jamais dans le film. En voulant simplement poser sa caméra et «accueillir les situations, en somme, accepter de laisser advenir les choses, la vie se faire, se défaire», le réalisateur confond l’irréductible espace entre soi et l’altérité avec une posture quelque peu voyeuriste. Les plans nombreux où les villageois défilent devant l’objectif, qu’ils arpentent les champs en devenir ou prennent la route pour rencontrer leurs voisins, deviennent autant de mises en scène forcées de leurs faits et gestes. Seul le travail des femmes échappe à cette fausse objectivité - peut-être parce qu’elles n’en font pas grand cas.

Quelle erreur de croire que fixité et distance permettent d’éviter la prise de pouvoir sur son sujet - rapport ô combien complexe, qui traverse l’histoire du cinéma en Afrique. Alors, on voudrait quand même revenir à Chris Marker, dont la caméra mouvante, les plans arrêtés, le montage heurté, le commentaire poétique sont autant de manière de s’impliquer, de s’incarner dans le film, quitte à ne jamais pouvoir rejoindre celui qui lui fait face et à en témoigner. Si on n’a «jamais rien inventé de plus bête que de dire aux gens, comme on l’enseigne dans les écoles de cinéma, de ne pas regarder la caméra», il est vrai aussi qu’on a rien inventé de plus bête que de dire aux réalisateurs de faire comme s’il n’y en avait pas.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 9