Les Racines du monde

Affiche Les Racines du monde
Réalisé par Byambasuren Davaa
Titre original Veins Of The World
Pays de production Mongolie, Allemagne
Année 2019
Durée
Musique John Gürtler, Jan Miserre
Genre Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Bat-Ireedui Batmunkh, Enerel Tumen, Yalalt Namsrai, Algirchamin Baatarsuren, Ariunbyamba Sukhee, Purevdorj Uranchimeg
Age légal 6 ans
Age suggéré 6 ans
N° cinéfeuilles 856

Critique

Parmi les racines du monde, il y a l’or. Ce métal convoité est caché dans la terre depuis des temps immémoriaux. Mais il en provoque aussi la destruction, par l’acharnement des hommes à le trouver. Cela depuis longtemps, partout, et notamment à notre époque en Mongolie, comme on le voit dans ce lent et beau film.

«Quand le dernier filon d’or aura été tiré de la terre, le monde tombera en poussière», dit une chanson mongole qu’Amra aime à fredonner avec son père. Héros de l’histoire, le garçon de 12 ans vit avec sa famille dans une communauté de nomades. Leur existence, simple et belle, se déroule au rythme de la nature dans les vastes et superbes steppes de Mongolie. Un équilibre menacé par des multinationales globalisées arrivant avec leurs gros sabots, leur arrogance et leurs machines de forage. Soudoyant les habitants avec des sommes ridicules et massacrant les paysages, la soif de l’or est leur seul moteur. A la suite d’un coup du sort, le jeune Amra va devoir faire un choix. Poursuivre l’action de son père dans la résistance face à l’exploitation de leurs terres, ou suivre son rêve. Peut-être, finalement, arrivera-t-il à concilier les deux...

Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de découvrir cette langue et ces somptueux paysages ailleurs que dans un documentaire. La réalisatrice filme au plus près les visages et les sentiments, dans plusieurs scènes parmi les plus réussies, montrant les membres de la communauté discuter du moyen de faire valoir leurs droits, dans un combat inégal et quasiment perdu d’avance. Ces instants nous font penser aux Indiens, discutant avec un courage mêlé de résignation de l’arrivée des Blancs dans Danse avec les loups. Les acteurs sont formidables, avec une mention particulière pour le garçon et sa maman. Un film lent, d’une grande beauté, un drame pas déprimant, rappelant une vision passée de l’harmonie parfaite des humains et de la nature, de surcroît accompagné par une très belle musique. Espérons que cette œuvre, malgré une diffusion plutôt confidentielle et des comédiens forcément inconnus, saura trouver son public, grâce à ce souffle poétique bienvenu.

Signalons encore pour l’anecdote que de nombreux enfants suisses ont connu sans le savoir la réalisatrice de ce film. En effet, Byambasuren Davaa réalisa en 2003 un très beau documentaire, L’Histoire du chameau qui pleure, un film qui touche et plaît beaucoup lors des séances de La Lanterne Magique.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 15
Georges Blanc 14