Les Liens

Les liens est une chronique un peu laborieuse sur le couple et la famille mais réussit quand même à séduire grâce à son excellente distribution et un final surprenant.

Au début des années 80, Aldo annonce à sa femme une liaison extraconjugale, ce qui va bouleverser le quotidien de toute la famille. Pourtant, près de quarante ans plus tard, Aldo et Vanda vivent toujours ensemble.

Cette adaptation du roman éponyme ne brille pas par l’originalité de son histoire. A priori, il n’est guère excitant de voir une famille se déchirer et se déconstruire dans la banalité du quotidien. Mais pour le réalisateur Daniele Luchetti, cette situation n’est qu’un prétexte pour questionner le sens et la fonction de la cellule familiale traditionnelle: usante prison dorée ou faisceau de liens tissés pour l’éternité? Pour y répondre, le film couvre une période de quarante ans par une construction non linéaire, alternant ellipses et flash-back. Si cette structure permet de prendre du recul et de multiplier les points de vue sur certaines situations, elle empêche toutefois d’éprouver une véritable empathie envers ces protagonistes qui baignent dans la rancœur et les coups bas. Le fait que les personnages soient interprétés par deux ou trois acteurs différents pour souligner leur vieillissement n’aide pas non plus: difficile de s’attacher lorsqu’à chaque période, on a l’impression de rencontrer une nouvelle personne. Il faut attendre la scène finale plutôt inattendue pour que cette alternance d’épisodes trouve tout son sens et réhausse l’intérêt du reste du film. Avant cet épilogue (d)étonnant, seule la délicatesse des interprètes ainsi que la sobriété de la mise en scène empêchent le film de devenir lassant.