Ammonite

Affiche Ammonite
Réalisé par Francis Lee
Titre original Ammonite
Pays de production Grande-Bretagne, Australie, U.S.A.
Année 2020
Durée
Musique Dustin O'Halloran, Volker Bertelmann
Genre Drame, Biopic
Distributeur Ascot Elite
Acteurs Kate Winslet, Gemma Jones, Saoirse Ronan, Alec Secareanu, Fiona Shaw, James McArdle
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 856

Critique

Malgré deux interprètes principales impeccables, les ambitions dramatiques du film de Francis Lee disparaissent quelque peu sous le poids d’une reconstitution trop recherchée.

Lyme, 1840. Alors que les vagues déferlent sur le ciel gris, une femme (Kate Winslet) arpente la plage, à la recherche d’ammonites prises dans la roche qu’elle pourra vendre aux touristes. Le reste de sa vie tourne en effet autour de la petite maison qu’elle partage avec sa mère malade, où elle nettoie et vend ses trouvailles et laisse filer le temps du bonheur devant la nécessité de survivre. Lorsqu’on lui confie le soin de veiller sur Charlotte Murchison (Saoirse Ronan), épouse d’un savant parti faire le tour de l’Europe, elle va devoir accepter d’ouvrir son monde à une autre.

Ammonite s’inspire de l’histoire de Mary Anning, paléontologue aujourd’hui reconnue, après avoir dû affronter les cercles fermés de la science de son époque. Or, bien plus que la biographie, c’est la relation passionnée et imaginée entre les deux femmes qui intéresse le réalisateur. Tout va servir à poser le cadre étouffant d’une société qui contraint les êtres et les corps. Chaque bruissement de vêtement, chaque tissu, chaque ustensile se doit de rendre compte de ce temps disparu. Les mains se salissent, les chairs s’exposent sans pudeur; rien de romancé dans cette peinture anglaise, bien éloignée des films à costumes habituels de la BBC. Les actrices, Kate Winslet en tête, en portent aussi les stigmates: traits tirés, bruts, silhouette alourdie ou fragile.

Ce souci extrême de réalisme d’où devait émerger la passion renversante est pourtant le principal piège qui enferme les héroïnes, le récit et tout le film avec eux. A force d’exactitude dans la reconstitution, de cadrages tracés au cordeau, plus rien ne parvient vraiment à respirer, à vibrer. Dès lors, les amantes peuvent s’embraser autant qu’elles le veulent, l’on reste assez indifférent à leurs tourments - par ailleurs soulignés par des plans au symbolisme lourd. A force de vouloir retrouver la véracité de l’Histoire, on oublie qu’il s’agit toujours de l’interpréter, et donc de la transformer. Seule la dernière partie du film parvient à prendre son envol, peut-être parce qu’il n’est plus besoin de représenter les personnages mais de les laisser enfin exprimer ce qu’ils désirent.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 12
Marvin Ancian 13