Le Diable n'existe pas

Affiche Le Diable n'existe pas
Réalisé par Mohammad Rasoulof
Titre original Sheytan vojud nadarad
Pays de production Allemagne, République tchèque, Iran
Année 2020
Durée
Musique Amir Molookpour
Genre Drame
Distributeur trigon-film
Acteurs Ehsan Mirhosseini, Kaveh Ahangar, Alireza Zareparast, Salar Khamseh, Darya Moghbeli, Mahtab Servati
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 856

Critique

Le lauréat de l’Ours d’or de la Berlinale 2020 est à l’affiche des salles suisses. Quatre récits, prenant place sous la dictature iranienne, abordent les notions de liberté de conscience et de libre arbitre.

Un couple vit son quotidien. Passer à la banque pour retirer sa paye, aller à l’école récupérer leur fille, faire les courses et le ménage, sauver le chat des voisins, en d’autres termes: la routine. Le rythme se veut volontairement lent, l’action quasi inexistante. Heshmat, le père de famille, est exemplaire. Il s’occupe de sa famille et travaille durement pour subvenir à ses besoins. Debout dès l’aube, il se rend à son travail à contre cœur. La découverte de son occupation symbolise la fin de cette première partie, et une révélation brutale (que nous tairons puisqu’elle est l’essence même du récit). Le ton est donné.

Les deuxième et troisième segments de There Is No Evil racontent tous deux l’histoire de jeunes officiers ayant reçu pour ordre de «tirer le tabouret». Autrement dit, d’exécuter la sentence finale d’un condamné à mort. Pouya se retrouve face à ce dilemme cornélien et tente d’y échapper. Javad, quant à lui, son «devoir» accompli, profite d’une permanence pour rendre visite à sa petite amie, Nana. Si les deux récits, dans le scénario, se déroulent l’un après l’autre, leurs évolutions peuvent être mises en parallèle. Alors que Pouya semble, en premier lieu, pris au piège, il va parvenir à s’en extirper tout en gardant la tête haute. En revanche, la tête de Javad est déjà baissée lorsqu’il retrouve Nana. Il découvre sa belle-famille endeuillée et réalise qu’il n’est pas étranger à cette tristesse. L’issue n’en sera que plus forte et lourde de sens.

La dernière partie, narre la venue de Darya, jeune Iranienne qui vit en Allemagne, dans son pays d’origine afin de retrouver son oncle et sa tante. Rapidement, nous comprenons que la visite n’est pas anodine, que des non-dits se terrent et qu’ils ne tarderont pas à faire surface. Si la révélation est prévisible, le lien tissé avec ce qui a déjà été découvert dans les parties précédentes est habile.

En quatre histoires au premier abord distinctes, Mohammad Rasoulof parvient à proposer une réflexion plurielle sur les notions de libre arbitre et de désobéissance civile. Condamné à de la prison pour son film Un homme intègre, le réalisateur poursuit sa dénonciation du régime iranien - dans lequel la peine de mort est toujours en vigueur - en dépeignant sans équivoque l’Iran actuel. Et par la même occasion, réalise un grand film.

Marvin Ancian

Appréciations

Nom Notes
Marvin Ancian 17