Sweat

Affiche Sweat
Réalisé par Magnus von Horn
Titre original Sweat
Pays de production Suède, Pologne
Année 2020
Durée
Genre Comédie dramatique
Distributeur First Hand Films
Acteurs Aleksandra Konieczna, Magdalena Kolesnik, Zbigniew Zamachowski, Wiktoria Filus, Lech Lotocki, Magdalena Kuta
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 856

Critique

Sweat est une plongée réussie dans le monde paradoxal de l’influenceur sur les réseaux sociaux: le nombre de fans ne pallie ni le vide ni la solitude, bien au contraire.

Quel est le point commun entre les «J’aime» cumulés par nos publications sur Instagram et un effort physique? Une grosse décharge d’endorphines à laquelle on devient facilement accro. Sylwia Zajac y est exposée sur tous les fronts: cette coach de fitness jouit d’une grande popularité sur les réseaux sociaux, grâce à l’enthousiasme et au panache de ses séances d’entraînement suivies par des centaines de milliers de fans. Elle est une influenceuse qui vend son mode de vie comme produit. Difficile dès lors de distinguer entre vie privée, qui oscille entre euphorie et vide existentiel, et vie professionnelle.

Ce qui frappe au premier coup d’œil dans Sweat, c’est l’omniprésence des images reflétées, qu’elles soient dans des miroirs ou des écrans. Ces cadres enferment le personnage de Sylwia dans une prison dorée où la qualité des relations humaines est inversement proportionnelle aux nombres de followers. Présenté sous cet angle, Sweat aurait tout de la satire facile de l’individualisme exacerbé par l’hyperconnectivité et la soif de gloire. C’est sans compter sur le talent du réalisateur Magnus von Horn, Suédois établi en Pologne depuis ses études de cinéma. Comme un pied de nez aux filtres lissant et déformant les visages abondamment utilisés sur les réseaux sociaux, sa caméra nous embarque au plus près de ce personnage, sans fard ni concession. Et c’est là qu’intervient la révélation de Magdalena Kolesnik, qui rend complexe et attachante une starlette qui aurait pu vite sombrer dans la caricature. Elle dévore l’écran tant dans les scènes de performances sportives que dans les scènes d'intimité. Il y a notamment un repas de famille particulièrement gênant durant lequel émerge une sincère mélancolie alors que tout se joue dans l’implicite et les non-dits. Sweat n’est pas une critique de la culture Insta mais plutôt un questionnement pertinent et tout sauf manichéen sur ces personnages qui se mettent en scène telle une téléréalité 2.0. A une époque où la vie de chacun peut se transformer en divertissement vidéo, on sent bien que le réalisateur questionne également son propre rôle, à l’image de l’emblématique Palais de la Culture qui se reflète furtivement sur les récents gratte-ciel de Varsovie.

Dans un monde parallèle, Sweat aurait dû être présenté à Cannes en 2020 et y aurait sûrement remporté un franc succès critique et médiatique. Mais on est en 2021 et les salles de cinéma (et de fitness) sont restées fermées pendant de longs mois. La sortie du film un an plus tard dans la confidentialité d’une timide réouverture est donc une opportunité bienvenue pour se remettre au cinéma… et à l’activité physique.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 17