Garçon Chiffon

Affiche Garçon Chiffon
Réalisé par Nicolas Maury
Titre original Garçon Chiffon
Pays de production France
Année 2020
Durée
Musique Olivier Marguerit
Genre Comédie, Drame
Distributeur Sister Distribution
Acteurs Nathalie Baye, Jean-Marc Barr, Laure Calamy, Arnaud Valois, Nicolas Maury, Théo Christine
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 856

Critique

Pour son premier film en tant que réalisateur, Nicolas Maury choisit de raconter le désespoir d’un jeune homme maladivement jaloux. Une histoire touchante et très bien interprétée, mais qui paraît parfois inaboutie.

Rongé par une jalousie dévorante lui coûtant sa relation amoureuse, par le suicide récent de son père et par le piétinement de sa carrière de comédien, Jérémie (Nicolas Maury) décide de se retirer chez sa mère Bernadette (Nathalie Baye) dans le Limousin afin d’apprendre ses répliques pour une audition et, peut-être, avoir la chance de repartir de zéro.

Les premières séquences de ce film mené de bout en bout par Nicolas Maury (scénariste, réalisateur et acteur principal: le prochain Xavier Dolan?) laissent présager une étude de caractère des plus passionnantes: la représentation de cette jalousie maladive qui empoisonne tous ses rapports aux autres (avec son partenaire mais aussi, on l’apprendra plus tard, avec sa mère) et le portrait d’un monde du cinéma cruel et implacable, qui ne fait qu’accentuer la peur du rejet et de la tromperie, posent en effet le cadre idéal pour une histoire explosive dans laquelle le personnage central pourrait évoluer de manière piquante. Malheureusement, plus le film avance, plus on se perd, la réalisation opérant un virage serré pour tourner à l’introspection et au roman d’apprentissage. Le récit est trop éparpillé, les idées ne sont pas exploitées jusqu’au bout. On se surprend même à regarder sa montre, le temps se faisant long face à certains passages absurdes qui ne trouvent pas réellement leur place. Par ailleurs, pour une œuvre se voulant une comédie, on ne rit pas beaucoup. Quelques répliques sont bien senties (notamment un clin d’œil réflexif sur les réalisateurs jouant dans leurs propres films) mais sinon, les scènes censées être drôles mettent plutôt mal à l’aise. Pourtant, la présence de très bons acteurs, le fait qu’il s’agit d’une première réalisation et les prémices intrigantes font qu’on aimerait apprécier ce film, hélas la sauce ne prend pas totalement.

L’atout majeur de l’histoire est bien sûr le personnage de Jérémie, qui se montre excentrique sans être agaçant, capable de citer Shakespeare, poète à ses heures perdues grâce à certaines répliques, et écorché au sens propre (un refus de rôle lui fait s’ouvrir la main avec un morceau de verre) comme au figuré, par lui-même (sa haine envers soi) et par les autres (les moqueries de ses cousins enfants, par exemple). Mais une fois encore, une insatisfaction se fait ressentir: le protagoniste ne semble pas évoluer ou alors seulement durant les cinq dernières minutes, qui le dépeignent transformé de garçon chiffon (méprisé et déchiré) en garçon velours (doux et précieux). Quid de sa jalousie qui occupait une si grande place? S’est-elle envolée comme par magie? La transformation du personnage s’est-elle opérée durant son séjour limousin? C’est ce que la réalisation paraît vouloir indiquer, néanmoins je ne l’ai pas ressenti un seul instant. D’autres personnages prennent également des chemins qui semblent peu crédibles, mais sont forcés pour aboutir à la fin désirée. Ces écueils sont regrettables, mais l’histoire en demeure touchante, notamment grâce à Nicolas Maury et Nathalie Baye, magnifiques dans leurs interprétations et offrant un très beau moment de confessions mère-fils sur une musique aux paroles mélancoliques («Ma chérie» d’Anne Sylvestre), qui soulignent à la fois leurs regrets et leur complicité retrouvée. Garçon chiffon est loin d’être un mauvais film, mais il se perd dans ses différentes tonalités et parfois dans ce qu’il choisit de mettre en avant.


Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 15
Marvin Ancian 13