Petites danseuses

Affiche Petites danseuses
Réalisé par Anne-Claire Dolivet
Titre original Petites danseuses
Pays de production France
Année 2020
Durée
Musique Malik Djoudi
Genre Documentaire
Distributeur Agora
Age légal 6 ans
Age suggéré 6 ans
N° cinéfeuilles 855

Critique

On sait qu’une école de danse de haut niveau représente un apprentissage sans pitié du dépassement de soi, une école de la douleur et de l’obstination, d’autant plus lorsqu’on la pratique très tôt dans la vie. Dommage, ce documentaire malhabile ne fait que survoler le quotidien de ces fillettes qui se rêvent danseuses étoiles.

En effet, même si l’on n'est pas une petite fille entre 6 et 10 ans qui consacre tout son temps libre à la danse en imaginant un avenir brillant à l’Opéra de Paris, on se dit que ce thème nous intéressera, d’autant plus si nous avons également, à leur âge, ressenti l’irrésistible envie d’une activité artistique professionnelle. La réalisatrice tombe malheureusement dans le plus impitoyable des pièges, celui du documentaire scénarisé. Elle aurait dû choisir clairement entre la fiction et la réalité, elle ne le fait pas. Des auteurs sont même crédités dans le générique de début, c’est déjà mal parti. Le résultat est que tout cela manque énormément de spontanéité, d’authenticité, de ce parfum de vérité qui est la marque des grands documentaires. Lorsqu’une fillette qui n’a pas 10 ans nous dit qu’elle a hâte de devenir adulte pour pouvoir gérer son argent et son appartement, ou qu’une autre du même âge confie faire des insomnies en réfléchissant des nuits entières au lien qui existe entre la musique et la mort, cela ressemble évidemment plus à un travail de scénariste qu’à du spontané.

Alors certes, le film aborde également la solidarité entre ces danseuses en herbe, le stress des concours, les sacrifices exigés par cette discipline, le regard des parents, l’importance de souffrir avec le sourire, et donne une large place à une prof qui, en même temps, encourage ses élèves mais ne leur laisse rien passer. Mais là aussi, une mise en scène travaillée et un montage réfléchi amoindrissent la spontanéité. La réalisatrice n’arrive pas à nous enlever l’impression que tous ces protagonistes ont appris leur texte et attendu qu’elle dise «moteur» pour interpréter leur rôle ou exprimer leurs émotions. On a ce sentiment même lorsque ce n’est peut-être pas le cas. Et sinon, on voit des fillettes danser, et on a assez vite compris.

Il est vraiment regrettable que ce mélange des genres empêche le public de compatir aux coups durs de ces enfants, de se réjouir de leurs succès, de partager leurs espoirs et leurs rêves, de croire réellement à leurs sourires ou à leurs larmes.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 9