Dernière année

Affiche Dernière année
Réalisé par Bo Burnham
Titre original Eighth Grade
Pays de production U.S.A.
Année 2018
Durée
Genre Comédie, Drame
Distributeur Netflix
Acteurs Deborah Kara Unger, Josh Hamilton, Elsie Fisher, Daniel Zolghadri, Frank Deal, Marguerite Stimpson
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 852

Critique

Une première réalisation qui image ce que c’est que d’être une préadolescente timide dans un monde dirigé par les réseaux sociaux. À la fois drôle et triste, elle ne laisse pas indifférent.

Kayla (Elsie Fisher) entame son ultime semaine de huitième année, à savoir la dernière avant d’entrer au collège (ou lycée, ou gymnase). Malgré son manque d’amis ou de followers sur les réseaux sociaux, la jeune fille est déterminée à avoir la vie dont elle a envie.

Celui qui s’attend à voir un film d’ados façon Lolita malgré moi ou à une transformation d’un vilain petit canard (ce qui reste relatif) en beau cygne blanc comme dans Princesse malgré elle sera déçu. Il s’agit ici de montrer, avec un réalisme confondant, la vie d’une préadolescente ordinaire, qui n’appartient à aucune clique, souffre d’isolement et se nourrit des publications postées sur diverses plateformes numériques tout en rêvant de pouvoir se lier d’amitié avec les filles populaires ou de trouver un petit copain. Le film ne nous propose pas de rebondissements romanesques ni de trame narrative incroyable, il s’adresse à son public sur un niveau beaucoup plus intimiste en livrant une histoire sincère, touchante, qui pourrait ou aurait pu arriver à n’importe qui, même au spectateur. La pièce maîtresse de cette réalisation: son actrice principale. Elsie Fisher est en effet magnifique de naturel, on peut totalement s’identifier à son personnage, on a envie de la prendre dans nos bras lorsqu’elle va mal et son sourire illumine autant son visage que notre cœur.

Le film est bien représentatif de l’esprit de son réalisateur, Bo Burnham, connu principalement pour ses vidéos sur YouTube (grâce auxquelles sa carrière a été lancée) et ses spectacles humoristiques. Qui connaît le comédien sait qu’il excelle dans un humour intelligent, incisif mais également empreint de mélancolie et souvent d’autodérision. On retrouve cela dans Dernière année, qui est à la fois drôle de manière inattendue (lors d’une répétition de la procédure à adopter lors d’une fusillade dans l’école par exemple), ou légèrement cruelle (les personnages adultes ne sont pas méchants mais dépeints comme ringards, essayant désespérément d’être cool et au fait du langage et coutumes des jeunes mais bien que cela rate totalement) mais qui ne recule pas pour autant devant les scènes mettant vraiment mal à l’aise ou laissant la place à l’émotion pure.

La réalisation confère une grande importance aux réseaux sociaux, car ceux-ci sont omniprésents dans le quotidien du segment démographique qu’elle veut représenter. Cependant, il n’est pas question de les critiquer ou de questionner le fait que les utilisateurs ne se comportent pas de la même manière dans la «vraie vie» que sur internet. L’idée est d’exposer une réalité et de montrer comment les réseaux affectent les jeunes générations d’aujourd’hui. Kayla entretient une relation douce-amère avec eux: d’un côté, ils lui montrent en permanence ce qu’elle n’a pas mais se languit d’avoir, et de l’autre, les vidéos qu’elle poste sur YouTube (petite note personnelle du réalisateur?), où elle donne des conseils sur le fait d’être soi-même et d’oser faire le pas vers les autres et se montrer tel que l’on est, lui permettent de s’accepter, de prendre confiance en elle et d’avoir de l’espoir pour l’avenir, même si elles ne rencontrent pas toujours un public très large. Le meilleur moyen de résumer le message du film et de citer une partie du discours que fit Bo Burnham lorsqu’il reçut le Prix du Meilleur réalisateur pour un premier film de la part du National Board of Review: «Ce film tente de représenter les enfants qui vivent leur vie en ligne. […] Les jeunes de la génération Z ont été faussement caractérisés comme obsédés par eux-mêmes, narcissiques et superficiels. Ils ne le sont pas. […] Ils ont été forcés par une culture qu’ils n’ont pas créée d’être conscients d’eux-mêmes à tout moment, d’enregistrer tous les aspects de leur vie et de les présenter au monde pour qu’il les juge. Ils vivent leur vie comme un film. […] Et ils pensent que, comparé aux médias, le film de leur vie est nul. Nous avons essayé de toutes nos forces de montrer que le fait de ne pas réussir à atteindre le standard imposé par la culture vaut la peine d’être raconté.» Une œuvre qui devrait faire du bien à tous ceux qui peinent à s’intégrer dans leur école ou dans la société, ou ceux qui ont connu cela un jour.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 17