The Lodge

Affiche The Lodge
Réalisé par Severin Fiala, Veronika Franz
Titre original The Lodge
Pays de production U.S.A., Grande-Bretagne
Année 2019
Durée
Musique Saunder Jurriaans, Danny Bensi
Genre Epouvante-horreur, Drame
Distributeur Neon / Metropolitan FilmExport
Acteurs Alicia Silverstone, Richard Armitage, Jaeden Lieberher, Riley Keough, Lia McHugh, Daniel Keough
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 851

Critique

Un chalet isolé dans la neige, une famille aux relations compliquées, des événements tragiques qui s’en suivent… Cela vous rappelle-t-il quelque chose? Et pourtant, vous n’avez encore rien vu avec ce film qui s’amuse à nous faire hésiter entre fantastique et réalité.

Après le suicide de leur mère suite à son divorce, Mia (Lia McHugh) et Aiden (Jaeden Martell) sont effondrés. Lorsque leur père, Richard (Richard Armitage), leur propose une petite réunion pour les fêtes de fin d’année dans le chalet familial avec Grace (Riley Keough), la femme qui pour eux est responsable de tout leur malheur, l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous. Prenant un départ des moins cordiaux, le séjour tourne cependant au cauchemar lorsque Richard doit s’en aller pour le travail. La rancœur des enfants et le mystérieux passé de leur future belle-mère s’assemblent alors pour créer un mélange peu recommandé.

En sachant ce film entre les mains de la maison de production Hammer (société britannique fondée dans les années 30 et célèbre pour avoir donné naissance aux incarnations cinématographiques de Dracula ou du Dr Frankenstein et à des œuvres sublimement gothiques plus récentes comme La Dame en noir), des réalisateurs Veronika Franz et Severin Fiala (qui s’étaient déjà adonnés à la création d’un récit troublant et à l’horreur psychologique avec Goodnight Mommy) et porté par un casting solide (Riley Keough, qui devient gentiment une habituée des films de genre, est toujours brillante dans ses interprétations et le jeune Jaeden Martell qui était à l’affiche du remake de Ça, au succès retentissant), il y avait tout à parier sur sa réussite. Et on n’est pas déçus!

L’œuvre emprunte certains éléments à ses illustres prédécesseurs tels Shining, en nous proposant un huis clos au décor enneigé abritant une folie latente qui ne demande qu’à exploser, mais aussi à Hérédité, avec sa maison de poupées imitant les actions des personnages et sa famille dysfonctionnelle. Mais loin d’être une pâle copie, elle arrive à se distinguer, notamment grâce à la distillation d’éléments religieux qui confèrent un sentiment de malaise. En effet, Mia et sa mère sont dépeintes comme très croyantes, et cela donne lieu à une scène infiniment triste où la petite fille, inconsolable, déplore le fait que sa mère, en s’étant donné la mort, ne peut donc pas aller au paradis. Richard a par ailleurs rencontré sa nouvelle petite amie en écrivant un livre sur les sectes religieuses, car son père en était un gourou, et Grace a pu s’en échapper. Le prénom de la jeune femme est déjà à lui seul un indice évoquant la religion, puisqu’on parle de grâce divine ou de rendre grâce à Dieu, par exemple. La réalisation traite également de la question du traumatisme, de la manière qu’a chacun de le gérer mais aussi de l’imposer aux autres, ce qui peut faire ressortir le leur à son tour. Ces deux notions combinées et associées au fantastique jeu des acteurs rendent l’œuvre à la fois très crédible et sinistre.

Le film fait partie de la catégorie des slow burners, ces histoires qui ne regorgent pas d’action mais qui deviennent graduellement intéressantes et prenantes. Son ambiance froide et hypnotique, son scénario retors permettent à l’horreur de s’infuser, son atmosphère anxiogène, pesante, sombre et cruelle installe une tension constante, et le spectateur ne sait plus quel parti prendre. Il est vrai que Grace a un passé trouble, mais qui est le plus craindre? A-t-on affaire à deux innocents coincés avec une psychopathe (comme l’appelle Aiden au début de l’histoire) ou à une jeune femme un peu perdue livrée à des enfants blessés et manipulateurs? Ou la vérité est-elle ailleurs, proposant une explication fantastique à la situation, ce que la dimension religieuse du film semble appuyer? L’œuvre oscille donc entre surnaturel et rationnel et sa structure très bien construite nous fait hésiter tout du long, pencher pour une explication, puis pour une autre pour ensuite revenir à la première, selon les rebondissements et le point de vue que la réalisation adopte. Ayant vu The Lodge pour la première fois à l’occasion du NIFFF 2019 et étant restée hantée depuis, j’étais heureuse de constater qu’il supporte très bien un deuxième visionnement même en sachant le fin mot de l’affaire. Le stress est toujours présent et on découvre d’ailleurs de subtils indices disséminés dans les premières séquences du film qui permettent d’expliquer ce qui se passe ensuite dans le chalet. À conseiller donc aux spectateurs se laissant volontiers manipuler par des récits efficaces et insidieux.


Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 18