Réalisé par | Aaron Sorkin |
Titre original | The Trial of the Chicago 7 |
Pays de production | U.S.A., Grande-Bretagne, Inde |
Année | 2020 |
Durée | |
Musique | Daniel Pemberton |
Genre | Drame, Historique, Thriller |
Distributeur | Netflix |
Acteurs | Frank Langella, Joseph Gordon-Levitt, John Carroll Lynch, Sacha Baron Cohen, Michael Keaton, Yahya Abdul-Mateen II |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 849 |
Plongée fin 1968 dans un procès dont les questions ne manquent pas d’écho et dont tous les acteurs redonnent avec conviction visage à une époque de grands bouleversements.
Prévu pour une sortie en salles, ce film passionnant peut finalement être découvert et visionné sur Netflix. Et ce qui aurait pu n’être que le ixième long métrage centré sur un procès - ce dont raffolent les productions étasuniennes - force l’attention par sa qualité. Sept prévenus (pro-démocratie, objecteurs de conscience, libertaires, anti-autoritaires… et un Black Panther) sont accusés de conspiration, d’incitation à la révolte et d’autres charges encore. Ce sont respectivement Abbie Hoffman (Sacha Baron Cohen), Jerry Rubin, David Dellinger, Tom Hayden (Eddie Redmayne), Rennie Davis, John Froines et Lee Weiner, sans parler d’un huitième homme, Bobby Seale (Yahya Abdul-Mateen II), dirigeant des Black Panthers, dont la colère conduit à son bâillonnement (!), mais qui finalement fut jugé séparément. Tous ces hommes sont traduits en justice suite à une manifestation, interdite, durement réprimée et qui tourna en un affrontement violent avec les forces de l’ordre, en marge de la Convention démocrate de 1968 à Chicago.
Si ce procès prend une tournure politique dès son ouverture, ce film historique, au scénario solide et aux dialogues efficaces et fluides, se mue dès le début en film politique et tombe à point nommé dans une période où opinions et fake news ont cru pouvoir devenir synonymes de vérité. Aussi les flash-back corrigent-ils les déclarations mensongères de certains témoins et rétablissent-ils la réalité des faits. Pourtant, manipulations et injustices semblent bien implantées et en passe de l’emporter - là encore, toute ressemblance avec des événements récents n’est que purement fortuite - alors que les prévenus, et a fortiori les spectateurs, passent par toutes les émotions possibles. Toutefois, la situation, si tragique soit-elle, n’empêche pas l’humour de se glisser au sein de cette cour et de nuancer le poids à accorder aux propos tenus.
Tout cela prend place à l’été 1968, soit en pleine guerre du Vietnam, peu après les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy alors en pleine campagne présidentielle, au moment même où les membres des Black Panthers de Chicago sont les victimes d’une répression extrêmement violente. Cette période où montent l’anticonformisme (hippie), l’opposition à l’engagement militaire des Etats-Unis en Extrême-Orient et la résistance aux conscriptions de l’armée, est fort bien rendue, avec l’appui de quelques images d’archives. C’est ce temps où de jeunes adultes s’engagent politiquement et militent très activement pour la liberté d’expression, où les débats relatifs aux moyens violents ou pacifistes à adopter sont vifs.
Ce film témoigne donc à sa manière de l’Amérique nixonienne, embourbée au Vietnam et devant faire face à un mouvement d’opposition de fond. L’ensemble de ce long procès est présidé par l’honorable juge Julius Hoffman (Frank Langella), dont la posture et les interventions interrogent. A-t-il atteint ses limites ou faut-il le considérer comme une pièce essentielle et révélatrice d’un système désireux d’assurer le pouvoir de certains quitte à offrir une parodie de justice? Chacun en jugera. En revanche, nul doute qu’après quatre années de «trumpisme», les questions soulevées par cette réalisation soignée résonnent avec force.
Serge Molla
Nom | Notes |
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Serge Molla | 18 |