Tableau de famille

Affiche Tableau de famille
Réalisé par Ferzan Ozpetek
Pays de production Italie, France
Année 2001
Durée
Musique Andrea Guerra
Genre Comédie dramatique
Distributeur Cinévia Films
Acteurs Margherita Buy, Stefano Accorsi, Serra Y?lmaz, Simone Luzi, Marilena Paci
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 429
Bande annonce (Allociné)

Critique

Cette parabole généreuse et humaniste, réalisée avec talent par Ferzan Ozpetek, ne manque pas de couleurs mais d'un peu de relief narratif et de réalité.

Antonia perd brutalement son mari Massimo, fauché par une voiture. Parmi ses affaires personnelles, une toile fait découvrir à Antonia que son conjoint entretenait depuis sept ans une relation amoureuse qu'il lui avait cachée. Désemparée par le deuil, Antonia part à la recherche de cette rivale: elle ira de surprises en surprises, découvrant, dans un appartement romain que fréquentait Massimo un groupe d'hommes et de femmes haut en couleur, aux nationalités et aux habitudes sexuelles variées, liées avant tout par une solide amitié. Durant plusieurs semaines, Antonia va fréquenter ce lieu chaleureux sans y habiter, amenant tout ce qu'elle est, ses sentiments, ses idées critiques ou constructives. Elle tisse de nouveaux liens, le plus fort avec la personne qu'elle considérait comme sa rivale. La fin reste ouverte: Antonia quitte tout pour un temps. Son passage dans la petite communauté lui aura permis de faire de manière peu banale le deuil de son mari.

Confrontation de deux tableaux: celui du couple uni et celui d'une petite communauté, extrêmement vivante et colorée. Celle-ci, alliage subtil d'amour, de famille et d'amitié, permet au réalisateur de brosser un portrait très réussi, pétri de tendresse, d'originalité, d'humanité. La justesse du ton, la beauté des images, la subtilité de la réalisation nous font agréablement accéder à une réflexion plus globale: pauvreté ou qualité de nos propres relations avec nos contemporains, de nos échanges en société.

Aucune complaisance: si le récit relève les grandeurs des êtres - dignité inaliénable de chaque personne, hymne à la vie, à la fidélité, respect profond des choix de chacun - il débusque aussi les supercheries: Antonia permet à l'un des co-locataires à qui l'on cachait soigneusement la vérité, de connaître cette vérité et de renaître à la vie. De même, les pulsions sexuelles sont clairement dissociées des véritables sentiments amoureux. Enfin, TABLEAU DE FAMILLE propose une intéressante ébauche de réconciliation entre les clans si souvent irréductibles de l'homosexualité et de l'hétérosexualité.

Cette parabole pourrait-elle s'incarner dans des réalités individuelles? La réponse négative que l'on est tenté de donner est sans doute le point faible de cette fiction: la petitesse du tableau du couple uni, dans la pénombre du deuil, ne permet ni d'en déceler les richesses, ni de comprendre les raisons de la double vie de Massimo, dès lors difficilement crédible. Par ailleurs, point d'enfants dans ces tableaux de grandes personnes. Un film très agréable, mais qui résiste mieux si on le regarde de loin.





Ferzan Ozpetek



Né à Istanbul en 1959, Ferzan Ozpetek s'installe en Italie en 1978 pour étudier l'histoire du cinéma à l'Université La Sapienza à Rome. Après avoir travaillé avec Julien Beck et le théâtre vivant, il est, en 1982, assistant de Massimo Troisi sur SCUSATE IL RITTARDO. Il travaillera ensuite avec Maurizio Ponzi, Lamberto Bava, Ricky Tognazzi, Francesco Nuti, Sergio Citti et Marco Risi. Avec Maurizio Tedesco, il a produit HAMMAM, qui le révéla à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 1997. Son deuxième film, LE DERNIER HAREM, a été présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard, mais aussi à Toronto, Palm Springs et Londres. Ces deux films rendaient compte des relations entre l'est et l'ouest, en référence à ses origines turques.

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