L'Oiseau-tempête

Affiche L'Oiseau-tempête
Réalisé par Wash Westmoreland
Titre original Earthquake Bird
Pays de production U.S.A., Japon
Année 2019
Durée
Musique Atticus Ross, Leopold Ross
Genre Thriller, Drame
Distributeur Netflix
Acteurs Alicia Vikander, Jack Huston, Riley Keough, Kiki Sukezane, Ken Yamamura, Crystal Kay
Age légal 13 ans
Age suggéré 13 ans
N° cinéfeuilles 848
Bande annonce (Allociné)

Critique

Porté par des acteurs talentueux donnant chair à des personnages énigmatiques mais attachants, ce drame aux accents de thriller empreint de tristesse saura charmer les amateurs d’intrigues calmes mais laissant deviner une horreur latente.

En 1989, à Tokyo, Lucy (Alicia Vikander), une expatriée, est accusée du meurtre de son amie Lily (Riley Keough) suite à la disparition de celle-ci. Les soupçons de son implication viennent du fait que le petit ami de la jeune femme, Teiji (Naoki Kobayashi), venait d’entamer une liaison adultère avec Lily, laissant Lucy le cœur brisé…

Contrairement à ce que l’on a pu voir dans des réalisations comme Lost In Translation ou The Grudge, le sentiment de malaise que crée le récit ne provient pas du dépaysement d’un Occidental perdu dans le pays du Soleil levant. Au contraire, notre protagoniste, Lucy, étonne les policiers japonais chargés de l’enquête par sa maîtrise de la langue et son intégration parfaite à leur culture. La séquence d’ouverture du film, qui se déroule dans le train, montre d’ailleurs à quel point elle se fond dans la masse, dans une scène du quotidien dont les tons gris et mornes indiquent la banalité. Seule touche colorée: l’affiche de disparition de Lily Bridges. Voilà donc l’élément perturbateur, car loin de représenter une figure familière et réconfortante dans une foule étrangère, Lily est celle qui brisera le nouvel équilibre qu’avait réussi à se créer Lucy.

L’affiche du long métrage, quant à elle, avec son violet et son rose pop et la présentation des trois personnages principaux dans un objectif d’appareil photo, laissait présager un thriller acidulé et quelque peu voyeuriste avec Riley Keough dans le rôle de la femme fatale et l’initiatrice d’un triangle amoureux sulfureux. Et bien il n’en est rien! Si Lucy est bel et bien déchirée entre son désir naissant pour Lily et son amour jaloux pour Teiji, il ne s’agit pas ici (ou en tout cas pas uniquement) de proposer une histoire de trahison et de vengeance basée sur une liaison interdite, mais de générer une ambiance mélancolique qui emprisonne les protagonistes dans une espèce d’étau dont ils n’arrivent plus à se défaire. Il faut également noter le très bon jeu du trio d’acteurs, qui rendent les personnages aussi crédibles qu’émouvants, alors même qu’on connaît très peu de choses sur eux.

Le film, bien qu’accrocheur, ne table pas son succès sur la résolution du mystère policier et ne regorge pas de rebondissements palpitants concernant un possible meurtre de Lily. On nous guide dans des allers-retours temporels entre l’avant et l’après disparition, en laissant planer une douce menace diffuse et l’ombre d’un désastre annoncé. Le spectateur a tout de même bien évidemment envie de savoir de quoi il retourne, mais l’intérêt principal se porte plutôt sur le passé trouble de Lucy: à quoi riment ces flash-back sur son enfance? Pourquoi est-elle venue au Japon? Et pourquoi la mort semble-t-elle la suivre? Comme l’oiseau qui chante après un tremblement de terre (donnant son titre original à la réalisation, Earthquake Bird), la jeune femme cherche l’espoir après une série de bouleversements dans sa vie. Lorsque le générique commence à se dérouler, l’impression n’est pas celle d’une œuvre révolutionnaire, mais la dernière séquence nous offre un échange entre deux personnages si touchant et représentatif de l’ambiance du film (entre culpabilité et impuissance) qu’on est tout de même conquis.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 16