Technoboss

Affiche Technoboss
Réalisé par João Nicolau
Titre original Technoboss
Pays de production Portugal
Année 2019
Durée
Musique Norberto Lobo
Genre Musical, Comédie, Romance
Distributeur Mubi
Acteurs Américo Silva, Miguel Lobo Antunes, Luísa Cruz, Sandra Faleiro, Tiago Garrinhas, Ana Tang
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 848
Bande annonce (Allociné)

Critique

Dans une tonalité douce-amère, Technoboss appréhende le quotidien d’un homme proche de la retraite, indifférent et dépassé par son travail, seul et pourtant plein de ressources. Moments chantés et matérialisations visuelles des pensées du protagoniste donnent au film toute sa singularité poétique.

Inscrit sur la plateforme Mubi dans la sélection «Zoom sur le Festival de Locarno», Technoboss, qui concourait à l’édition 2019 de l’événement cinématographique suisse, est reparti sans prix. La prestation de son acteur principal Miguel Lobo Antunes aurait pourtant mérité d’être récompensée. Le comédien excelle en effet dans son interprétation de Luís Rovisco, homme dont la nonchalance transparaît à travers chacun de ses comportements, de sa démarche molle et flottante à son regard lourd et ennuyé. Travaillant dans une entreprise de vente et installation d’appareils de surveillance, il se retrouve dépassé par l’avancée technologique des produits, devenant lui-même peu à peu obsolète aux yeux de ses collègues.

Pour dépeindre ce monde technologique et désincarné: des plans frontaux, une caméra peu mobile et un décor symétrique dont les lignes verticales fragmentent l’espace et soulignent la distance entre les individus. L’aspect désincarné apparaît également par les voix off d’interlocuteurs téléphoniques à l’identité parfois inconnue et issues de sources invisibles (aucun appareil ne figurant dans le champ). Des voix flottantes donc, quand ce n’est pas une voix inconnue qui commente les actions en voix over. Luís lui-même semble peu ancré, passant l’essentiel de son temps en voiture, dormant souvent à l’hôtel également, celui pour lequel il a un mandat et où travaille Lucinda, réceptionniste de son âge pour qui il en pince secrètement.

Rien d’original jusque-là. C’est bien plutôt par le traitement de cette thématique que le film surprend: loin de l'aborder avec pesanteur et sérieux, le réalisateur portugais João Nicolau l'évoque avec légèreté et extravagance: si les émotions du protagoniste sont la plupart du temps contenues, elles se manifestent lors de moments chantés. Se matérialise alors visuellement et auditivement les pensées, projections, tourments du protagoniste. Un groupe habillé en boy-scout l’enjoint par exemple à se montrer plus entreprenant avec Lucinda, alors qu’à un autre moment un groupe de métalleux se glisse dans sa chambre d’hôtel tandis que des personnages apparaissent et disparaissent magiquement. La coexistence et le contraste de ces deux mondes apportent à Technoboss son charme pétillant. A quelques longueurs répondent de véritables trouvailles visuelles. La plus savoureuse d’entre elles: le protagoniste, en chemise rose avec des lunettes de soleil, se déchaîne dans une chorégraphie pop sur le tube de Las Ketchup Asereje. Contraste, encore un, que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 14