Wildland

Suite à un accident de voiture, Ida, une adolescente de 17 ans, se retrouve orpheline d’une mère toxicomane et prostituée. Elle se voit alors contrainte d'intégrer un nouvel environnement familial, plus problématique encore, composé de sa tante et ses trois fils, crapules malsaines qui sévissent dans la région et sur qui elle règne incestueusement, ou presque. Cette tentative de s’insérer dans ce noyau fusionnel constitue la première partie, réussie, de ce long métrage. L’ambiance est glauque, les intentions des personnages qui entourent Ida inconnues - notre perception étant guidée par cette dernière. Les longs travellings arrière qui conduisent la protagoniste dans l’appartement suggèrent qu’elle se dirige tout droit dans un piège. Mais cela ne dure pas. Grâce à une soirée alcoolisée, quelques pas de danse, Ida finira par rejoindre la bulle familiale, jusqu’à ce que l’irréparable soit commis. Elle devra dès lors effectuer un choix cornélien entre trahir les siens ou être complice.

Pour que ce choix soit éprouvé comme tel par le spectateur, il aurait fallu qu’une menace pèse véritablement sur elle ou que l’on ressente mieux le lien qui l'unit à sa nouvelle famille. Si l’atmosphère ainsi que les personnages rappellent le cinéma de Michael Haneke, le manque de soin apporté à la caractérisation de ces derniers empêche le spectateur d’éprouver l’oppression qu’ils font subir à leurs victimes. Ils sont trop franchement et directement perçus comme mauvais et bêtes pour que la tension prenne. Là où Haneke laissait une grande part au doute, à l’incertitude et au jeu avec le hors champ, la réalisatrice Jeanette Nordahl donne trop rapidement à voir qui sont ses personnages. Belle tentative donc, mais tentative échouée.