Réalisé par | Sébastien Lifshitz |
Titre original | Adolescentes |
Pays de production | France |
Année | 2019 |
Durée | |
Musique | Tindersticks |
Genre | Documentaire |
Distributeur | Cinémathèque Suisse |
N° cinéfeuilles | 844 |
Avec 500 heures de tournage et 1100 séquences, le réalisateur est parvenu, avec l'aide de sa monteuse Tina Baz, à condenser l'ensemble sur un long métrage de deux heures quinze, au lieu d'opter, comme dans Romans d'ados (Nasser Bakhti) par exemple, pour le format série. Certaines séquences semblent saisies sur le vif, d'autres sont plus découpées, avec notamment des champs/contrechamps.
Au centre du récit, les deux amies Anaïs et Emma que tout oppose, aussi bien sur le plan physique et psychologique que socio-économique. Tandis qu'Anaïs, aînée de deux frères, évolue dans un milieu populaire, Emma grandit en fille unique dans un environnement confortable (économiquement et culturellement), marqué par l'absence d'un père occupé par le travail (il n'apparaitra à l'écran qu'après une heure quinze). Ainsi, c'est aussi un portrait sociologique de l'adolescence qui est proposé, montrant les répercussions de cette situation sur les résultats scolaires, les activités extra-scolaires etc. Mais c'est encore le portrait d'une génération qui tente d'être dressé (comme le suggère le titre), à travers les réactions des héroïnes et de leur entourage, face à des événements comme les attentats de 2015 ou l'élection d'Emmanuel Macron. Ce que sous-tend également l'absence d'ancrage évident dans une ville en particulier – même si l'on finit par apprendre qu'il s'agit de Brive.
Hélas, les événements extérieurs s'entremêlent difficilement à leur parcours de vies. Ce sont surtout les premiers amours, avec leur lot de déception, et les relations avec l'entourage qui ponctuent le récit, sans que l'on ne ressente une véritable évolution au fil des années, du moins pas de manière égale. En effet, si Anaïs change d'orientation professionnelle, finit par endosser le rôle de mère avec ses propres parents, et fait face à de multiples épreuves, peu de choses varient dans la vie d'Emma qui, du début à la fin, est dans un rapport conflictuel avec sa mère, omniprésente et directive. Le passage du temps s'exprime alors particulièrement par la répétition des anniversaires, des rentrées scolaires et la perte progressive, dès le lycée, du lien entre les deux amies.
Autre regret : que l'adolescence soit représentée principalement par le conflit avec l'autorité parentale. Dans une interaction pourtant, Anaïs présente sa mère comme une femme prompte à faire des blagues, ce que nous ne verrons jamais. Ainsi, le regard porté sur cette période de la vie est peu nuancé, alors même que la caméra parvient à s'immiscer dans l'intimité des jeunes filles, souvent saisies en gros plans. Parfois de manière trop intrusive, comme lorsque Anaïs échange un baiser avec son premier amoureux ou qu'Emma se retient de pleurer à cause d’une humiliation subie. Avec un discours un peu convenu donc, loin de la puissance évocatrice de Premières solitudes (Claire Simon, 2018) sur le même sujet, Adolescentes capture toutefois quelques échanges émouvants qui restituent à cette période sa part de beauté.
Sabrina Schwob
Nom | Notes |
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Sabrina Schwob | 14 |
Marvin Ancian | 15 |