Critique
"C'est vrai, au fond. Comment peut-on jouer sa vie entière sur un adverbe? L'amour fou d'aujourd'hui, que sera-t-il dans trente ans? Vincent (Philippe Torreton) n'y avait pas songé et la réflexion d'un ami, alors qu'ils dînent en groupe la veille de son mariage, le bouleverse complètement. Peut-on être sûr d'aimer une femme toute sa vie? Et que se passera-t-il si ce n'est pas le cas? Vincent se fait rassurer par Hélène (Sophie-Charlotte Husson), sa future épouse. Mais le doute s'est glissé dans les replis de leurs sentiments.
Voilà le thème très agité de cette comédie légère et tendre, qui dresse un pied de nez, selon le voeu du réalisateur lui-même, au couplet traditionnel, ""ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants"". Ecoutons Laurent Chouchan: ""J'ai simplement balayé le spectre de tout ce qui pouvait arriver dans la vie d'un couple, du plus beau au plus noir, avant de finir par cette conclusion heureuse"".
Les bons divertissements sont rares. Celui-ci n'emprunte rien au vaudeville et coud sa propre trame narrative. Les premières séquences servent de support à la suite. Par un découpage étudié, l'histoire revient au point de départ alors qu'on la croit avancer. Ces deux-là n'arriveront jamais ensemble au bout de leur vie, semble chuchoter derrière l'écran le démon du couple. Et puis le cauchemar se dissipe, la vie reprend à partir des images du début et c'est un autre... cauchemar.
Ainsi différentes versions de la vie à deux sont-elles vécues par lui et par elle. Etrange mariage? Sans doute puisque ce film est une farce. Il n'empêche! Un diable de miroir semble s'être installé à la place de l'écran qui renvoie les spectateurs à leur propre histoire. Les personnages attachants, incarnés par de bons comédiens, sont placés à égalité devant leurs vertiges. C'est un cinéma inventif qui soigne les images, avance avec un certain brio et ne se trompe pas de rythme. Voilà une comédie bienvenue pour la coupure des Fêtes."
Geneviève Praplan
