A Perfect Family

Affiche A Perfect Family
Réalisé par Malou Leth Reymann
Titre original En Helt Almindelig Familie
Pays de production Danemark
Année 2019
Durée
Genre Comédie dramatique, Drame, Comédie
Distributeur Xenix
Acteurs Mikkel Boe Folsgaard, Kaya Toft Loholt, Neel Rønholt, Rigmor Ranthe
Age légal 6 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 843
Bande annonce (Allociné)

Critique

Un film attachant et personnel sur la question du transgenre dans une famille dite «parfaite».

Un couple et deux filles. La vie semble avancer sans problèmes jusqu’au jour où la mère prononce le mot inattendu: «divorce». Lui doit (s’)expliquer: il a décidé de devenir une femme et vient de commencer les traitements pour y parvenir. Pour son premier film, la réalisatrice danoise a puisé dans son propre vécu; c’est sa propre histoire - elle avait alors 11 ans - qu’elle raconte en mettant l’accent sur Emma. Autrement dit, sur la plus jeune des deux sœurs, qui va devoir faire face à un nouveau modèle parental compliqué alors qu’elle traverse ce temps de l’adolescence où tout est déjà changeant et ressenti au centuple.

Ce qui retient l’attention, c’est donc non seulement le sujet transgenre, mais surtout le fait que bien des questions fortes sont abordées. Sans gommer les frictions inévitables et les doutes engendrés par le choix du père, la cinéaste raconte avant tout l’évolution d’une famille ordinaire à travers les yeux d’Emma, plus que de sa sœur adorée qui s’accommode bien vite de cette nouvelle situation. Pour Emma, angoisse et colère montent dès le début. «Pourquoi tu nous as eues? Promets-tu d’être toujours mon père?...»

Sans exposer de théorie ni de généralités, la cinéaste tente de banaliser la situation, distillant au passage quelques notes d’humour et jouant avec des images vidéos de grands moments familiaux avant le coup de tonnerre. Son propos oscille entre moments où le rejet l’emporte et ceux où la compréhension se déploie. Côtés acteurs, le père (Mikkel Boe Følsgaard) est aussi crédible en Thomas qu’en Agnete, maquillée, portant jupes et bijoux. Et s’il a changé de prénom, c’est bien pour souligner qu’il n’a plus la même identité, même si l’affection qu’il porte à ses filles est toujours aussi forte. Face à lui, Emma - incarnée de manière sobre et juste par Kaya Toft Loholt - qui peine à se trouver et à assumer ce père-femme auquel elle tient tant. Et si elle désire qu’il vienne la soutenir lorsqu’elle joue au football, elle n’en supporte pas les conséquences, à savoir le regard des autres.

Seul bémol au niveau de la réalisation, son traitement télévisuel plus que véritablement cinématographique. Heureusement, tout cela n’empêche pas l’émotion d’être au rendez-vous de ce film important qui enrichit encore le sens du mot «famille».

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15
Georges Blanc 17