Le Mur de l’ombre

Alpiniste aguerrie, la réalisatrice polonaise Eliza Kubarska s’immerge au cœur du quotidien d’une famille de Sherpas sur les hauts plateaux du Népal.

Ngada fait face à un dilemme. Ce guide expérimenté se dit prêt à mener un groupe d’alpinistes russes et polonais à la conquête de l’imposant mont Kumbhakarna, afin de gagner l’argent nécessaire pour les études de son fils Dawa Tenzin, 16 ans, qui rêve de devenir médecin pour aider les gens pauvres et sauver des vies. Toutefois, son épouse Jomdoe s’oppose à ce que son mari mène un tel trek, car ce redoutable sommet, invaincu et plus difficile à atteindre que l’Everest, est considéré comme une montagne sacrée: personne ne doit escalader «le corps de Dieu», au risque de déchaîner les éléments…

Est-il possible de concilier nécessité économique et respect des traditions religieuses? Kubarska décrit comment cette famille accepte finalement cet engagement, tente de trouver les mots justes pour demander pardon à Dieu et pratique avec l’aide d’un lama un rite bouddhiste que les alpinistes clients, «qui n’écoutent qu’eux-mêmes», jugent avec condescendance.

Ce film met donc en avant ce qui meut des êtres bien davantage qu’il n’exalte les performances physiques en conditions extrêmes. La beauté de la nature environnante et une voix off qui fait écho aux croyances locales invitent à partager le questionnement profond du couple. Que poursuivent les alpinistes? Que recherchent Ngada et Jomdoe? Avec une authenticité magique, le lien entre les Sherpas et la nature se voit restitué, en même temps qu’est interrogé notre point de vue sur le monde. Où se situe l’équilibre qui favorise la vie?