I Am Greta

Avec un travail de montage percutant, ce documentaire sur l’activisme de la jeune Greta Thunberg informe autant qu’il émeut. Les vagues de militantisme qu’elle déclenche et son périple en voilier inspirent, tout en évitant parfaitement l’écueil du moralisme écologique.

Parti pour un court métrage sur l’activisme climatique, le réalisateur Nathan Grossman se retrouve embarqué dans un voyage d’une durée de deux ans pour suivre Greta et son père dans leurs péripéties. Leur relation s’approfondit, et un véritable lien de confiance s’établit alors entre le réalisateur et la militante. Le processus de captation cinématographique s’est ainsi réalisé dans le respect et le dialogue: normal me direz-vous, mais il est important de le préciser dans la mesure où certaines scènes montrent sans fard l’intimité de l’adolescente. Le documentaire mêle savamment les genres du récit initiatique, en suivant la jeune fille qui grandit et affronte le monde, et sait user des ressorts du film d’aventure, lors de la traversée de l’océan Atlantique direction New York. Les émotions amenées à l’écran passent par une subtile palette tout en nuances. Le montage d’ouverture qui superpose en voix over des phrases clichées de climatosceptiques par-dessus des images de catastrophes naturelles bien réelles suffit pour tout dire: la rage, l’urgence, la peur.

Bien qu’elle se rende compte de son succès médiatique, Greta garde les pieds sur terre: les caméras ne doivent pas être tournées vers elle, mais bien vers le message qu’elle veut transmettre. Elle se sent parfois utilisée car elle est populaire, et constate avec maturité que c’est parfois pour cela et non pour ses demandes de justice climatique qu’elle est invitée à des conférences et sommets importants. Dans tous les cas, on ne doute pas une seconde de l’épuisement que ressent cette guerrière du climat. Sa fatigue militante s’exprime déjà fortement à l’âge de 15 ans, âge même où elle rencontre des figures de pouvoir telles qu’Emmanuel Macron, le secrétaire général de l’ONU ou encore le pape.

Nathan Grossman semble être une figure du documentaire sur laquelle garder un œil. Je recommande vivement le visionnement de son premier court métrage disponible en ligne, The Toaster Challenge (2015), dans lequel un cycliste tente de produire assez d’énergie à la seule force de ses jambes pour faire fonctionner un grille-pain de 700w. Quinze millions de vues pour cette vidéo de trois minutes; espérons que le film sur Greta saura autant attirer les foules et que la jeune femme puisse continuer de trouver ses petits moments à elle pour rire, promener ses chiens, danser, et juste vivre.