Ly-Ling et Monsieur Urgesi

Affiche Ly-Ling et Monsieur Urgesi
Titre original Ly-Ling Und Herr Urgesi
Pays de production SUISSE
Année 2018
Durée
Musique Samuel Fried
Genre Documentaire
Distributeur Moos Films
Age légal 8 ans
Age suggéré 8 ans
N° cinéfeuilles 841

Critique

Giancarlo Moos nous propose un documentaire à la fois très agréable et d’une grande simplicité, qui laisse perplexe pendant quelques instants avant de nous prendre mine de rien par la main et de nous faire passer un fort joli moment.

D’un côté, Ly-Ling Vilaysane. Elle est une jeune styliste, née en Suisse de parents ayant à l’époque émigré du Laos. Dans la fougue de sa jeunesse, elle fonctionne, dans son travail, aux coups de cœur créatifs et à l’enthousiasme pas toujours réfléchi. De l’autre, Cosimo Urgesi. Ayant quitté son Italie natale il y a plus d’un demi-siècle, il est devenu un maître-tailleur émérite, héritier d’une technique et d’un sérieux absolu, qu’il perpétue dans la couture comme une tradition millénaire. Ces deux caractères aux antipodes ont décidé il y a peu de temps de s’associer, de collaborer à un projet commun et de partager l’atelier de Cosimo à Saint-Gall.

D’où les questions que l’on se pose durant les premières minutes: cela va-t-il nous intéresser? Le sujet vaut-il qu’on lui consacre un long métrage? On est très vite rassurés, grâce notamment à l’humour et au caractère extrêmement attachant des deux protagonistes. Il est très amusant de voir Cosimo, avec une patience mêlée d’une pointe d’agacement, expliquer à Ly-Ling que le talent est avant tout du travail, qu’il ne faut pas compter ses heures ni se laisser distraire à tout bout de champ par son téléphone ou son agenda; et d’autre part, d’assister aux réactions de la jeune styliste, qui souhaiterait voir Cosimo sortir de son carcan de traditions et la suivre dans ses improvisations. L’inspiration se heurtant à la réalité, voilà de quoi compromettre leurs bonnes volontés respectives. Le respect et l’admiration sont toutefois réciproques.

Au-delà de ce choc des cultures et des générations, le film est également un bel éclairage sur une immigration réussie. Nous suivons la jeune femme alors qu’elle rend visite à son vieil instituteur saint-gallois qui lui a donné le goût du dessin, et Cosimo nous faisant visiter son village d’enfance dans les Pouilles, où il vérifie que l’atelier dans lequel il a découvert la couture existe toujours.

Giancarlo Moos filme au plus simple, sans mise en scène ou montage intempestifs, se contentant bien souvent de poser sa caméra et de regarder ce qui se passe. Cela apporte une vraie touche de réalisme alors que, régulièrement, l’authenticité des documentaires est amoindrie par une mise en scène savante et recherchée. De plus, preuve d’intelligence, aucune voix off envahissante n’est à déplorer.

Le sourire éclatant de l’une, la sagesse bienveillante de l’autre... Ly-Ling et Monsieur Urgesi gagnent à être connus.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 15