Antoinette dans les Cévennes

Une histoire d’amour qui se mue en quête de développement personnel, le tout accompagné d’un âne: voilà un scénario pas si original mais un peu quand même pour cette comédie française joyeusement portée par Laure Calamy.

Le GR 70, ou chemin de Stevenson pour les aficionados, traverse les Cévennes sur environ 225 kilomètres et se fait généralement avec la compagnie d’un âne pour porter les bagages, comme dans le roman du dénommé ci-avant, Voyage avec un âne dans les Cévennes. Alors qu’Antoinette se réjouissait de partir une semaine en amoureux avec son amant Vladimir (Benjamin Lavernhe), ce dernier doit changer leurs plans et se retrouve à aller marcher avec sa femme et leur fille sur ce fameux GR. Ni une ni deux, Antoinette décide de le rejoindre en lui faisant la surprise, pour qu’ils s’y croisent «par hasard». On s’attend donc à des moments gênants à la pelle, et c’est avec le sourire qu’on les vit au fur et à mesure de la randonnée avec cette femme qui a tant d’amour à offrir. Avec un même genre de rôle amusant et embarrassant dans la géniale série française Dix pour cent, Laure Calamy prouve à nouveau qu’elle est une excellente actrice pour ce genre de situation. Elle sait en faire ni trop ni trop peu pour que l'on ressente parfaitement ce malaise comique. La réalisation ne propose quant à elle rien de particulier, et c’est plutôt le scénario qui est un peu original, grâce notamment à cette base historique.

Car, tout comme Antoinette, ce chemin a été parcouru par Robert Louis Stevenson et son âne Modestine à la suite d’une peine de cœur. Tout amoureux de la belle Fanny Osbourne, Américaine de dix-neuf ans son aînée et rencontrée en France, le randonneur connaît à son époque un coup de foudre. C’était sans savoir que le mari de Madame l’attendait de pied ferme aux États-Unis. Suite à leur tragique séparation, il décide de faire le point sur sa vie et de partir marcher. Ce voyage méditatif lui aura permis, ainsi qu’à toutes les âmes en peine qui plus tard emprunteront ses pas, de se confronter aux périples de la marche avec un âne aussi têtu que le veut l'expression, mais surtout de se retrouver seul avec soi pour mieux savoir avec qui on a envie d’être. Antoinette et Robert Louis vivent le même combat, à quelques centaines d’années d’intervalle, et rappellent ainsi que l’amour peut à la fois faire vivre, souffrir, mais surtout se dépasser et apprendre à se connaître vraiment.