Dawson City : Le temps suspendu

Affiche Dawson City : Le temps suspendu
Réalisé par Bill Morrison
Titre original DAWSON CITY: FROZEN TIMES
Pays de production ETATS-UNIS
Année 2016
Durée
Musique Alex Somers
Genre Documentaire
Distributeur Bellevaux
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 838

Critique

Retraverser une partie de l’histoire du cinéma en même temps que l’histoire de la ville de Dawson, symbole de la ruée vers l’or en Amérique du Nord, c’est ce que propose l’étrange et captivant documentaire de Bill Morrison pendant deux heures. Accrochez vos ceintures pour éviter de vous casser la bobine!

C’est en 1978 que des travaux pour construire un nouveau centre de loisir dans la ville située dans le territoire du Yukon, au Canada, révèlent une quantité innombrable de pellicules nitrate ultra-inflammables, plutôt bien conservées grâce au climat froid et au permafrost. Adepte du found footage (réemploi de bouts de films provenant de sources diverses), Bill Morrison s’entiche de ces antiquités délaissées et leur accorde une attention digne des historiens les plus passionnés du cinéma. Ces archives sont envoyées à Ottawa pour être préservées et mises en valeur, car elles contiennent certains films précieux qui avaient disparus des circuits! Ainsi, on retrace l’histoire de la ville de Dawson, ses hauts très hauts - avec la ruée vers l’or, la construction en une année d’une effervescence économique et sociale extraordinaire - puis ses bas très bas - avec une désertion pour d’autres terrains plus riches en or et seulement nonante habitants en 1950.

     L’esthétique du documentaire repose principalement sur le côté abîmé de la pellicule, accompagnée de la musique douce, parfois lancinante d’Alex Somers, qui avait entre des dizaines de magnifiques projets, réalisé la BO de Captain Fantastic. Des mélodies douces aux notes harmonieuses s’ajoutent aux images, sans voix over pour la narration. Il faut beaucoup lire de texte sur des images fixes, constamment agrémentées de zooms. Cela bouge beaucoup à l’écran, pourtant le rythme varie peu et invite parfois malheureusement à la somnolence…

     Ces images d’archives ne sont fort heureusement pas restaurées ni débarrassées de tous leurs «défauts» visuels. On observe alors dans toute leur authenticité, avec le passage de plus de cinquante années, des événements et des personnes qui ont marqué l’histoire du continent: Frederick Trump a fait fortune grâce à une maison de prostitution à Dawson, et lancé le début de la fortune pour les générations à venir, notamment celle du président éponyme actuel; Sid Grauman découvre dans un des trois cinémas de la ville un film qui le lancera dans une carrière d’exploitation très réussie à Hollywood. Enfin, un couple veut déplacer sa maison hors de la ville, ils la démontent et découvrent des plaques de verre émulsionnées illustrant des moments historiques et précieux de la ruée vers l’or. La femme veut en faire une serre et se renseigne sur la façon d’enlever l’émulsion; un homme auquel elle s’adresse comprend l’important de la découverte et lui offre des plaques de verre vierge en échange des émulsions. L’histoire du cinéma telle que nous la connaissons, et c’est bien une des leçons de ce film, ne tient véritablement qu’à peu de choses, comme par exemple au fait de pouvoir manger des tomates mûres et charnues en décembre, ou non.


Camille Mottier

Appréciations

Nom Notes
Camille Mottier 15