Réalisé par | Frédéric Fonteyne, Anne Paulicevich |
Titre original | Filles de joie |
Pays de production | FRANCE |
Année | 2019 |
Durée | |
Musique | Vincent Cahnay |
Genre | Drame |
Distributeur | Import |
Acteurs | Noémie Lvovsky, Sara Forestier, Jonas Bloquet, Annabelle Lengronne |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 838 |
Un titre accrocheur pour un film qui ne respire pas la gaieté. L’histoire d’Axelle (Sarah Forestier), de Dominique (Noémie Lvovsky) et de Conso (Annabelle Lengronne) – qui mènent une double vie – ne flirte en effet guère avec le bonheur. Toutes trois habitent dans un
HLM de Bruxelles et se retrouvent presque tous les matins pour aller travailler dans une maison close (une demeure bourgeoise, avec bar et chambres à louer) de l’autre côté de la frontière belgo-française. Elles changent alors de noms et deviennent – merci pour la touche
culturelle – Athéna, Circé et Héra…
Chacune semble obligée de se prostituer pour sauver sa famille de la précarité, pour boucler des fins de mois difficiles, tout en luttant et en comptant sur ses deux autres amies pour garder un minimum de dignité. Elles s’adonnent donc au plus vieux métier du
monde, comme on dit, mais avec une résignation évidente. Elles souffrent bien sûr de cette situation et doivent faire face à la trivialité d’un monde masculin dépeint comme peu reluisant, sinon sauvage.
Les réalisateurs privilégient les scènes de sexe et les dialogues grivois font florès. On pourrait même parler d’une sorte de complaisance à flirter parfois avec l’obscénité, pour dénoncer vraisemblablement le caractère irrecevable de telles situations : les
deux cinéastes voudraient sans doute se faire les avocats des victimes d’un tel marchandage sexuel et les témoins critiques de la situation sociale désastreuse et intolérable de leurs héroïnes, mais sur ce plan-là c’est plutôt l’échec. La violence des images et des propos, la
représentation négative du monde environnant, des milieux familiaux et des hommes en particulier, font que le spectateur tend à se rebiffer. L’homme est-il vraiment toujours aussi bête et méchant ? Il aurait fallu sans doute un peu moins de naturalisme cru pour convaincre le spectateur que le combat de ces trois héroïnes a toutes les raisons d’être et qu’il y a lieu de se soucier d’elles.
L’intrigue sur laquelle s’appuie le film est peut-être recevable, mais on reprochera à ce long métrage de se présenter comme une vision manichéenne et glauque du monde. Portrait d’un trio de femmes battantes, Filles de joie tend à montrer que l’union fait la force, mais le message est un peu court, surtout que les trois héroïnes se disputent passablement. Les trois actrices (Sara Forestier, Noémie Lvovsky et Annabelle Lengronne) se débrouillent bien dans leurs rôles difficiles de femmes menant une double vie. A la fois enjouées, frondeuses et
mélancoliques, elles font preuve d’un grand talent, empêchant le film de déraper en direction d’un mauvais mélo. On n’en dira pas autant des
rôles masculins qui versent vers le grotesque et la caricature.
Il est regrettable que ce film n’ait pas pu trouver un équilibre entre une réflexion sociale (la question de la prostitution et des violences que subissent les femmes reste un problème d’actualité) et le parcours difficile, attachant parfois, de chacune des trois héroïnes. Filles de joie reste un film difficilement classable. S’agit-il d’un drame, d’un mélodrame, d’un thriller ? On touche à un peu tout, on parle aussi de drogue, on n’hésite pas à sortir les pistolets… Voilà un film dépourvu d’un véritable centre de gravité.
Antoine Rochat
Nom | Notes |
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Antoine Rochat | 8 |