Réalisé par | Micha Lewinsky |
Titre original | Moskau einfach ! |
Pays de production | Suisse |
Année | 2020 |
Durée | |
Musique | Ephrem Lüchinger |
Genre | Lüchinger |
Distributeur | Vinca Film |
Acteurs | Philippe Graber, Michael Maertens, Miriam Stein |
Age légal | 6 ans |
Age suggéré | 10 ans |
N° cinéfeuilles | 836 |
1989. Alors que l’Est se révolutionne et que le mur de Berlin tombe, la Suisse n’est pas épargnée par la violence de la Guerre froide. On se souvient de l’affaire dite «des fiches», ayant révélé que des centaines de milliers de citoyens furent espionnés par l’état pour protéger la patrie de soi-disant agitateurs communistes révolutionnaires. Ce scandale ébranla considérablement la confiance du peuple envers ses dirigeants. C’est dans ce contexte tendu que le cinéaste suisse Micha Lewinsky situe la trame de Moscou aller simple !, une délicieuse comédie qui parle de politique, de théâtre, et d’un homme coincé entre les deux.
Viktor (l’excellent comédien zurichois Philippe Graber) est un policier consciencieux, mais plutôt transparent. Il a tendance à faire ce qu’on lui dit de faire et, surtout, à penser ce qu’on lui dit de penser. Vivant en célibataire au milieu de ses trophées et de ses médailles, il ne cherche pas à connaître un monde extérieur qui l’effraie. Mais voilà que ses chefs lui confient une mission: se faire passer pour un figurant et intégrer la troupe qui s’apprête à monter un spectacle de Shakespeare dans le grand théâtre de Zurich. Ses ordres sont clairs: les artistes professionnels étant forcément tous gauchistes, et tous les gauchistes étant révolutionnaires, il devra surveiller tout le monde et transmettre des rapports réguliers à sa hiérarchie. Persuadé d’être infiltré au beau milieu d’un nid de terroristes, il accepte la mission. Sa découverte du théâtre auquel il ne connaît rien, sa rencontre avec les artistes et surtout avec une jeune comédienne qui l’intrigue, vont mettre à mal ses certitudes et ses préjugés.
Malgré plusieurs nominations, notamment à Soleure, ce film ne contenant aucune grande vedette est malheureusement promis à une distribution moyenne, au destin d’une œuvre modeste, ce qu’il n’est pas. C’est une vraie réussite. De nombreux passages sont hilarants, comme lorsque Viktor change de look et tapisse son appartement de posters du Che ou de Marx afin d’être crédible auprès de ses nouvelles connaissances. Toutes les scènes se situant dans le théâtre sont également formidables. Le réalisateur en profite pour égratigner en passant certains artistes prétentieux qui se soucient plus de leur image que du public. La comédienne Miriam Stein est aussi au centre d’une scène mémorable où elle chante une chanson jurassienne devant un parterre de vieux militaires, et va ensuite considérablement les chambouler. Tous les personnages sont bien joués par des acteurs au service d’un scénario malin, plus profond qu’il n’y paraît... mais on n’a jamais trouvé mieux que l’humour pour poser des questions ou proposer une réflexion. L’émotion est également bien présente. Quant à l’inévitable romance, elle ne fait pas de remplissage et sert vraiment le récit, jusqu’aux très jolies dernières minutes. Moscou aller simple! est une œuvre juste, drôle et incongrue, qui mérite d’être largement soutenue.
Philippe Thonney
Nom | Notes |
---|---|
Philippe Thonney | 16 |