Réalisé par | Susanne Bier |
Titre original | Bird Box |
Pays de production | U.S.A. |
Année | 2018 |
Durée | |
Musique | Atticus Ross, Trent Reznor |
Genre | Epouvante-horreur, Thriller |
Distributeur | Netflix |
Acteurs | Sandra Bullock, John Malkovich, Sarah Paulson, Jacki Weaver, Trevante Rhodes, Lil Rel Howery |
Age légal | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 832 |
La perspective de combattre une force surnaturelle est déjà assez effrayante sans avoir à le faire avec un clair désavantage: devoir garder les yeux bandés. Un calvaire pour les personnages de Bird Box mais un plaisir pour le spectateur, qui embarque pour une aventure émouvante et pleine de tension.
La Terre est envahie par des créatures dont la seule vision entraîne au suicide. Pour s’en sortir, il faut alors éviter tout contact visuel, se bander les yeux, rester enfermé chez soi et rendre les fenêtres aveugles. Dans ce chaos généralisé, Malorie va trouver refuge dans une maison habitée par plusieurs autres survivants. Plusieurs années après, nous la retrouvons, accompagnée de deux enfants, tentant de rejoindre une communauté où la situation semble s’être améliorée. Mais pour cela, le trio va devoir braver une rivière agitée, tout en gardant les yeux bandés et les oreilles ouvertes.
Les prémisses de l’intrigue rappellent fortement un autre film datant de la même année, Sans un bruit, où la population, attaquée par des monstres se repérant aux sons, était contrainte de rester la plus silencieuse possible. L’originalité du projet Bird Box, adapté d’un roman sorti en 2014 et donc bien avant Sans un bruit, semblait ainsi quelque peu remise en question, et pourtant la réalisation de Susanne Bier ne perd rien en facteur de stress. Elle est même davantage percutante, les personnages étant véritablement handicapés par les bandeaux qu’ils portent pour bloquer leur vision, cette perte d’un sens les plaçant en position de faiblesse. L’histoire présente un côté lovecraftien, le mystère qui entoure les créatures pouvant se révéler frustrant ou au contraire encore plus efficace dans la construction de la peur. Le film n’est peut-être pas terrifiant mais il provoque un sentiment de tension dès les premières minutes et demeure intrigant jusqu’aux dernières.
Une des raisons de cet engouement réside dans la structure temporelle composée d’allers-retours entre deux périodes séparées de cinq ans: les événements se déroulant dans la maison et ceux sur la rivière. Grâce à cette narration fragmentée, le rythme reste soutenu et l’attention du spectateur en éveil, se demandant comment Malorie en est arrivée là, sa relation avec les deux enfants et ce qui est arrivé aux autres habitants de la maison. D’ailleurs, une autre réussite du long métrage est qu’on s’attache vite à ses personnages. Comme toujours dans ces films mettant en scène un scénario apocalyptique, il est intéressant d’observer les relations qui se tissent dans une communauté d’étrangers que les circonstances ont réunis malgré eux. On est amené à se demander comment on réagirait dans ce type de situation, si on ferait partie des faibles ou des courageux, si on ferait confiance à ceux qui nous demandent de l’aide ou non, questionnements présents chez le groupe de protagonistes qui nous est présenté et à qui beaucoup pourront s’identifier. Le personnage le plus intéressant est celui de Malorie, interprétée par Sandra Bullock, qui est une vraie héroïne complexe et badass comme on les aime, avec ses forces et ses failles. Outre le périple entrepris par les trois personnages sur la rivière, le point central de la réalisation se situe dans le voyage émotionnel qu’effectue Malorie pour apprendre à accepter les autres et s’ouvrir à eux, qu’on peut assimiler à une métaphore avec la boîte à oiseaux du titre: elle doit libérer sa peur de l’attachement et de la connexion émotionnelle avec autrui. Bird Box réunit ainsi émotion (sans pathos) et frissons (sans jump scares, ce qui est appréciable et tout autant efficace), pour un mélange réussi qui mérite le succès qu’il rencontra sur Netflix.
Amandine Gachnang
Nom | Notes |
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Amandine Gachnang | 15 |