In the Name Of Scheherazade Or The First Beer Garden in Tehran

Affiche In the Name Of Scheherazade Or The First Beer Garden in Tehran
Réalisé par Narges Kalhor
Pays de production Iran, Allemagne
Année 2019
Durée
Genre Docu-Fiction
Distributeur Cinélibre
Acteurs Narges Kalhor, Alireza Golafshan, Mahnaz Sarwari
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 828

Critique

Quel rapport entre les contes des Mille et Une Nuits, un biergarten bavarois et l’état actuel de l’Iran? Cette question pourrait donner lieu à une mauvaise blague, elle donne forme à un film réjouissant.

Impossible de catégoriser le geste de Narges Kalhor, la réalisatrice affranchie de In The Name Of Scheherazade Or The First Beer Garden in Tehran. Un Syrien en exil confronté à la bureaucratie allemande, une artiste afghane défendant des œuvres trop corporelles pour le visiteur, une scientifique iranienne qui cherche à monter le premier biergarten à Téhéran, où l’alcool est encore interdit. Et au milieu de tout cela, une jeune réalisatrice - Narges Kalhor - qui tente d'entremêler les fils et de faire entendre son projet auprès d’un producteur peu enclin à s’affranchir des limites.

Cette multitude de parcours trouve son reflet direct dans une forme filmique explosée, inventive, qui se joue de tous les codes. Mais les titres sont corrigés au stylo rouge, le récit arrêté selon le bon vouloir du producteur, dont les commentaires en voix-over pèsent sur le destin du film, critiquant le montage abrupt ou des sujets trop sombres. Commence alors un second film: celui qui pourrait avoir du succès si la réalisatrice se laissait dicter ses idées. Car n’est-il pas vrai que nous voulons tous voir des histoires positives de personnes qui s’accomplissent?
Illusoire toutefois de croire que l’irrévérence savoureuse de l’œuvre saura être contenue bien longtemps. A la manière d’un Chris Marker, Narges Kalhor se moque des règles figées d’un cinéma où il faudrait choisir entre fiction et réalité, entre Orient et Occident. Son projet est aussi un questionnement sur sa double appartenance, retraçant, grâce à quelques images de son court métrage de fin d’études et des montages photos volontairement kitsch, l’atmosphère étouffante de son pays d’origine, l’Iran. Si la dénonciation politique est claire, la réponse se fait culturelle: un fil principal va relier, rythmer, conter ce que les autres scènes dessinent en creux.

Shéhérazade raconte, à l’aide de magnifiques marionnettes traditionnelles, les luttes de pouvoir entre les deux moitiés du monde, le sacrifice des innocents par les puissants, la tentation de la trahison. Mais aussi la beauté des contes, l’importance de ces histoires qui permettent de se réapproprier la grande - celle qui fait mourir à grand feu les espoirs de sa jeunesse -, de la confronter et de lui opposer, encore et toujours, la poésie.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 15