Mariage des moussons (Le)

Affiche Mariage des moussons (Le)
Réalisé par Mira Nair
Pays de production Inde, U.S.A., France, Italie, Allemagne
Année 2001
Durée
Musique Mychael Danna
Genre Comédie dramatique, Romance
Distributeur Océan Films
Acteurs Naseeruddin Shah, Lillete Dubey, Shefali Shetty, Vijay Raaz, Tilotama Shome
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 428
Bande annonce (Allociné)

Critique

En Inde, le modernisme heurte les rythmes traditionnels. Une famille qui fête un mariage, Delhi sous la mousson, voilà ce que montre Mira Nair dans un beau long métrage.

Aditi (Vashundara Das) va se marier. Sa famille prépare la fête et attend les oncles, les tantes, les cousins. Plusieurs vivent à l'étranger, certains aux Etats-Unis, pays de rêve. Le mariage est arrangé. Aditi ne connaît pas encore son futur époux, mais elle sait qu'elle doit oublier pour lui la passion qu'elle a entretenue avec un homme marié. Elle va devoir régler ses comptes avec l'amant et le futur mari. Tandis que la famille s'élargit au gré des arrivées, des souvenirs se ravivent, les soucis des uns, les chagrins des autres, les secrets enfouis refont surface. Mais en même temps, des espoirs se dessinent et des amours prennent vie.

LE MARIAGE DES MOUSSONS n'est pas une saga, mais une fresque qui se précise jour après jour, jusqu'à la cérémonie du mariage. Seront alors rassemblés plus de soixante personnages, dont la réalisatrice suit fermement le caractère. La plupart des interprètes jouent pour la première fois devant la caméra.

Mira Nair a fait ses débuts au cinéma avec un film qui est resté dans les mémoires, SALAAM BOMBAY, en 1987. LE MARIAGE DES MOUSSONS est son septième long métrage. Le huitième, HISTERICAL BLINDNESS doit sortir en 2002. Avant de passer à la fiction cinématographique, la réalisatrice indienne a signé plusieurs documentaires. Cela se sent. C'est peut-être même l'une de ses qualités majeures que de savoir montrer, comme en un reportage, la réalité quotidienne de Delhi, tout en lui ajoutant le charme d'une fiction qui elle-même en dit long sur le pays.

LE MARIAGE DES MOUSSONS évoque les orages familiaux et ceux de la météorologie. Dans une famille indienne bourgeoise comme celle d'Aditi, on vit à l'Occidentale: télévision, téléphones mobiles, voyages et parties de golf. Ces merveilles n'empêchent pourtant pas les récurrentes pannes d'électricité. Et de toute façon, des coutumes perdurent. Les danses, les rites du mariage hindou sont respectés. Si les grands noms du commerce de luxe sont présents, c'est à côté des rickshaws. Les voitures élégantes sont ralenties par les troupeaux de vaches. Il y a d'ailleurs des tensions entre la tradition et le modernisme. Le télescopage culturel est continuellement présent, l'occidentalisation va trop vite. Les personnages du film, Indiens du Penjab, semblent parfois hésiter entre les deux, mais assument sainement leur identité.

Mira Nair, qui a vécu aux Etats-Unis, connaît bien le problème. Elle jette sur tout ça un regard sympathique et amusé, tout en montrant avec beaucoup de tendresse l'Inde traditionnelle. La mousson est là, rythmant les journées. Delhi respire alors dans une touffeur bleue. La caméra documentariste de la réalisatrice se fait attentive à ses palpitations. Elle débusque les fonds de ruelles, fouille les marchés aux épices, les échoppes de tagettes et de jasmin. On croit sentir le poids des parfums, cet envoûtant mélange de senteurs toujours suspendu dans l'air. Les bruits, les couleurs, le grouillement d'humains, d'animaux, de voitures klaxonnantes, d'enseignes et de fils électriques, c'est cette Delhi qui est célébrée à travers le mariage d'Aditi. Les doutes, les désirs de la famille, autrement dit l'aspect fiction du film, ne font qu'accentuer les rythmes indiens auxquels Mira Nair rend un véritable hommage. Le film a remporté le Lion d'Or au dernier Festival de Venise.

Geneviève Praplan