Adoration

Affiche Adoration
Réalisé par Fabrice Du Welz
Titre original Adoration
Pays de production Belgique, France
Année 2019
Durée
Musique Vincent Cahay
Genre Thriller, Drame
Distributeur Adok films
Acteurs Benoît Poelvoorde, Laurent Lucas, Charlotte Vandermeersch, Gwendolyn Gourvenec, Fantine Harduin, Thomas Gioria
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 828
Bande annonce (Allociné)

Critique

Film graphique, à la mise en scène fiévreuse, Adoration ressemble à une promesse: celle de l’union des antagonismes, du mariage qui lie la déchirure à l’envoûtement.

Disons-le tout de suite: ce film est une fuite. Une fuite de toute forme d’autorité, qu’elle soit parentale ou institutionnelle. Car le jour où Paul, un jeune garçon vulnérable, doux et fragile, rencontre Gloria, la nouvelle patiente de la clinique psychiatrique où travaille sa mère, les deux adolescents sont contraints de fuir vers la Bretagne pour vivre leur passion que le monde adulte cherche à réfréner.

L’amour est un thème cinématographique récurrent. C’est sans doute la raison pour laquelle Fabrice Du Welz ne s’y intéresse pas. Ce qu’il filme, lui, c’est l’élan amoureux irrépressible, cette soif d’absolu qui condamne irrémédiablement à l’affliction, à la catastrophe (un dialogue l’illustre parfaitement, Paul: «Moi je veux faire de mal à personne»; Gloria: «Ça viendra. Ça vient toujours.») Et c’est précisément ce hiatus entre la grandeur du sentiment et sa déception inévitable que la mise en scène cherche à résoudre. Les nombreux zooms intempestifs surlignent la beauté d’un geste ou d’un sourire tout en brisant de façon abrupte l’équilibre du cadre. Les décors, véritables reflets de l’intériorité des personnages, présentent un itinéraire à la fois idyllique et crasseux. La caméra au poing insuffle constamment du tremblement dans la tendresse de leur complicité, comme lorsqu’elle tourbillonne autour d’une valse amoureuse afin de rappeler que l’amour frénétique - l’amour fou - peut consumer jusqu’à la folie.

Malgré quelques fulgurances - certaines séquences oniriques sont véritablement touchées par la grâce -, l’émerveillement que procure cet Adoration n’est malheureusement que ponctuel, car, dans son ensemble, le film souffre d’une écriture imparfaite: la relation entre Paul et Gloria évolue en reconduisant sans cesse le même schéma narratif, rendant ainsi la progression programmatique, et mal rythmée. Et si ce long métrage s’efforce de construire une histoire crédible et touchante entre deux adolescents, on ne peut que déplorer une direction d’acteur parfois caricaturale - Fantine Harduin, l’interprète de Gloria, a notamment tendance à surjouer la démence (Thomas Gioria, déjà formidable dans Jusqu’à la garde, confirme quant à lui l’étendue de son talent).

Étonnant mélange, donc, de lyrisme incandescent et de rugosité organique, Adoration n’en demeure pas moins une œuvre inégale. Mais après tout, ce n’est pas si surprenant pour une caméra si sensible à l’imperfection, au grain. Car rappelons les faits: Fabrice Du Welz offre à sa pellicule 16 mm son plus beau tour de force: donner l’impression du réel pour mieux l’élever vers l’allégorie ou le conte.


Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 14