Benni

Affiche Benni
Réalisé par Nora Fingscheidt
Titre original Systemsprenger
Pays de production Allemagne
Année 2019
Durée
Musique John Gürtler
Genre Drame
Distributeur Cineworx
Acteurs Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide, Lisa Hagmeister, Melanie Straub, Victoria Trauttmansdorff
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 830
Bande annonce (Allociné)

Critique

Pour son premier long métrage, la réalisatrice allemande s’intéresse à une enfant claustrée dans sa violence et que personne ne réussit à dompter. Le sens profond de l’histoire rejoint celui du superbe Faute d’amour du Russe Andreï Zviaguintsev.

Il s’agit bien d’amour. Ou plutôt de manque d’amour. Dans le film russe, on ne voyait presque pas l’enfant, le sujet étant sa disparition et ce qu’elle entraîne. Au contraire, Nora Fingscheidt le suit constamment. Ces enfants-là sont ceux qu’on délaisse et qui dérivent à la recherche d’une bouée d’affection. «Je trouve que ce genre de personnage est trop rare au cinéma», explique-t-elle.

Benni (Helena Zengler) a 9 ans. Elle souffre de crises de violences aiguës, ainsi que d’un traumatisme grave qui fait qu’elle ne supporte pas qu’on la touche au visage. Seule sa mère adorée peut prendre ce risque, mais c’est une mère faible, absente, qui ne répond pas au téléphone et participe rarement aux séances organisées par les responsables sociaux. On ignore tout du père. La curatrice, Mme Bafané (Gabriela Maria Schmeide), et Micha (Albrecht Schuch), un éducateur spécialisé, essaient différentes solutions pour que la petite fille reprenne pied dans la société.
La réalisatrice allemande n’avait aucune expérience des milieux sociaux. Elle a pris le temps d’étudier et de comprendre. Pendant quatre ans, elle a aiguisé son observation dans les foyers, les centres de psychiatrie enfantine, les familles d’accueil, toujours parmi les enfants. Cette disponibilité s’est ajoutée à un talent d’écriture certain; les rôles sont tellement justes, nuancés, construits avec un sens profond de la psychologie. Ils donnent beaucoup de vigueur à ce film douloureux.

Le personnage de Benni - si magnifiquement joué! - est attachant, certes. L’on dira peut-être qu’une histoire avec enfant est toujours séduisante. Sans doute. Pourtant, il n’est pas possible de s’arrêter à ce démon au visage d’ange. Ici, et malgré son titre, c’est autant l’entourage qui fait le film. Tous ceux qui s’occupent de la sauvageonne, y compris sa mère, font étroitement partie du drame: comment réagir? La difficulté de vivre de la fillette est aussi la leur, parce qu’elle remet sans cesse en question leur travail et leur attitude. Même Micha, le spécialiste, le plus engagé, se voit confronté à des fêlures dont il se croyait protégé.

Du point de vue du scénario, le film ne surprend pas vraiment, un cas social reste un cas social; pour autant, il sait alerter la curiosité par la multiplication des crises et les tentatives de réponse. Il ne cherche pas à émouvoir, mais à faire comprendre, sans didactisme. Benni met en scène des êtres humains en la personne d’acteurs dont la qualité d’interprétation fait qu’on les prend au sérieux. Des êtres humains qui révèlent si bien le point de bascule d’autres êtres humains qui, eux, ne s’en tireront pas avec la vie! Faute d’amour.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 16