Citoyen Nobel

Affiche Citoyen Nobel
Réalisé par Stephane Goël
Pays de production Suisse
Année 2020
Durée
Musique Nicolas Rabaeus
Genre Documentaire
Distributeur Agora
Age légal 6 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 829

Critique

En octobre 2017, la Suisse romande et le reste du monde découvrent Jacques Dubochet, un scientifique passionné, dyslexique, plein d’humour et excellent vulgarisateur de sciences. Il est le lauréat du Prix Nobel de chimie. Séduit par ce fantasque personnage, Stéphane Goël lui dédie ce documentaire. Pourra-t-il par ce portrait apporter un regard nouveau sur cet homme déjà très exposé médiatiquement?

Le Prix Nobel est absurde. En récompensant une découverte vieille de plus de trente ans, il crée un décalage entre la pertinence de la recherche scientifique et l’exposition médiatique qu’il offre à ses lauréats. De ce fait, Jacques Dubochet se retrouve dans la position d’une jeune star de cinéma. Du jour au lendemain, il devient médiatiquement célèbre alors que son domaine d’expertise n’intéresse pas forcément le plus grand nombre. C’est alors bien son personnage qui séduit! Mais contrairement à une nouvelle star de cinéma formatée par et pour le show-biz, ce scientifique est conscient de son écho médiatique et de la responsabilité des paroles qu’il distille. Dès la minute où il apprend sa consécration, la formidable opportunité de faire passer un message citoyen qui dépasse largement son champ de recherche l’enchante, tandis que l’absurdité de cette soudaine célébrité le freine.

Le film suit donc non seulement ce génial professeur Tournesol vaudois dans sa démarche, ses doutes mais aussi dans son engagement dans la grève du climat. Cette proximité avec le protagoniste constitue rapidement la force, et la faiblesse, du film. Le pouls de ce documentaire bat avec celui de Dubochet. Pendant les deux premiers tiers, c’est ennuyeux. A l’image de son personnage principal, le film cherche son ton, sa piste, son axe. Combinant récit biographique et succession d’instantanés dans la vie d’un Nobel, le film souffre d’un rythme décousu et ne se démarque que trop rarement de ce qu’on a déjà pu voir dans d’autres médias. On y raconte sa jeunesse dans les paysages alpins valaisans, sa passion pour la contemplation de la nature et son besoin vital de la comprendre. On y rappelle son côté militant et engagé en politique. On le suit d’une séance de dédicace de son livre à une conférence devant l’ONU en passant par la remise des prix à Stockholm.

Il faut attendre que le scientifique rencontre Greta Thunberg pour que le film brise la glace. Ça n’est évidemment pas un hasard: le mouvement de la grève du climat apparaît comme une révélation pour Dubochet: il sait désormais où porter sa voix. En s’engageant auprès de ces jeunes activistes, le professeur tout comme le film trouvent un sens, une portée, un souffle. Ce dernier acte offre aussi à son personnage une belle résolution aux questions initiales que soulevait cette soudaine mise en lumière médiatique. La boucle est bouclée. Nos belles montagnes et leurs glaciers n’ont pas de prix, elles!

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 13