Une mère incroyable

Affiche Une mère incroyable
Réalisé par Franco Lolli (II)
Titre original Litigante
Pays de production Colombie, France
Année 2019
Durée
Genre Drame
Distributeur Outside the Box
Acteurs Carolina Sanín, Leticia Gómez, Antonio Martínez, Vladimir Durán, Alejandra Sarria
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 828
Bande annonce (Allociné)

Critique

Leticia (Leticia Gómez), accompagnée de ses deux grandes filles Silvia (Carolina Sanín) et Maria-José (Alejandra Sarria), s’est rendue dans un hôpital de Bogota pour un examen médical important (IRM). Sitôt le diagnostic connu - Leticia a un début de cancer -, Silvia et Maria-José la ramènent à son domicile et décident de s’occuper d’elle. Le titre espagnol du film, Litigante, annonce la couleur: il y aura des affrontements verbaux…

Le tableau familial va se préciser: le cinéaste, scénariste et producteur colombien Franco Lolli a dit qu’il avait eu l’intention de réaliser le portrait d’une femme, celui de Leticia, mais que le film s’était transformé par la suite en celui d’un groupe de femmes: «On est tous définis par nos parents, dit-il. Qu’on le veuille ou non. Qu’est-ce qu’on laisse alors en héritage à nos enfants?» C’est autour de cette question que vont s’articuler les divers moments de ce film qui se présente comme une saga familiale essentiellement féminine. On notera que Silvia a un enfant de quelques années, Antonio (Antonio Martínez), et un compagnon qu’on ne voit que rarement et qui n’est pas le père du jeune garçon. On croisera plus tard, incidemment, le vrai père (évincé) de ce fils qu’il n’a d’ailleurs jamais connu.

Présenté l’an dernier à Cannes (Semaine de la critique), Une mère incroyable est une histoire faite de tensions, de disputes et de réconciliations. De souffrances aussi: la grand-mère Leticia, toute courageuse qu’elle est, ne peut que laisser échapper des moments d’angoisse et de tristesse qui perturberont son entourage. Mais malgré le caractère incurable de sa maladie elle cherchera à transmettre - non sans conflits (verbaux) avec sa fille Silvia - une façon de vivre et une manière d’affronter le monde. Un message de résistance que Silvia s’efforcera de transmettre à son jeune fils Antonio. Les dialogues sont rudes, les propos teintés de fiel, mais le jeu des actrices reste d’une très grande sobriété gestuelle.

Le cinéaste dresse en priorité le portrait de Silvia, une avocate travailleuse qui se trouve embarquée malgré elle dans une sombre affaire de corruption concernant des travaux d’intérêt public. Elle s’efforcera de faire face, tout en s’occupant de sa mère et de son fils. On notera au passage que l’inspiration du film est autobiographique: la mère du réalisateur, elle aussi atteinte d’un cancer, assume elle-même le rôle - important - de Leticia. L’histoire garde ainsi un caractère très personnel et intimiste. L’environnement est quasiment absent: l’éventuelle critique du système en vigueur se limite à l’évocation de l’affaire de corruption mentionnée.

De structure toute classique, le film ne se veut en effet d’aucune façon critique politique ou sociale. La société colombienne, telle qu’elle nous est décrite par le cinéaste, ressemble d’ailleurs à une société occidentale. On se trouve dans un milieu bourgeois relativement aisé et le sujet abordé présente ainsi un intérêt tout universel. On signalera enfin les remarquables qualités visuelles du film: le chef opérateur n’a retenu que les images indispensables. Aucun plan n’est gratuit ou trop long, tout est cadré au millimètre, en particulier les visages, avec délicatesse et sensibilité: le film gagne ainsi en émotion, au fur et à mesure du développement de cette saga familiale dramatique et bien maîtrisée.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16