Adam

Affiche Adam
Réalisé par Maryam Touzani
Titre original Adam
Pays de production Maroc, France, Belgique
Année 2019
Durée
Genre Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Lubna Azabal, Nisrin Erradi, Douae Belkhaouda, Aziz Hattab, Hasnaa Tamtaoui
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 827
Bande annonce (Allociné)

Critique

«Les femmes dorénavant manifestent devant l’usine. Ils arrêteront de se moquer de nous»: dans le sillage du Portrait de la jeune fille en feu, ou encore de Papicha, Adam, le premier long métrage de la réalisatrice Maryam Touzani, est un film aussi important par son sujet que poignant par sa force.

Adam n’est pas un film explicitement militant. Et s’il est en mesure d’endosser parfaitement le rôle d’étendard dans l’engagement féministe, dans la voie de la sororité, c’est moins pour son ton revendicateur, que pour sa fragile colère, et la douceur de son courage. Plus précisément, l’action se déroule dans un quartier pauvre de Casablanca, et raconte la reconstruction de deux femmes dont la rencontre se révèle salvatrice.

D’un côté, Samia, le visage atterré, les cernes creusés, frappe aux portes de Casablanca à la recherche d’un travail temporaire et d’un hébergement. Mais chaque porte qui s’ouvre est un refus supplémentaire. Au vu de son état, personne n’est prêt à l’accueillir: Samia est lourdement enceinte d’un enfant bâtard, dans un contexte culturel où un enfant sans père est condamné à vivre comme un moins que rien, un pestiféré. Un soir, alors que Samia dormait sur l’embrasure d’une porte, Abla, une mère ferme, au visage dure, accepte de la recueillir pour quelques nuits. De méfiance à complicité, mais surtout de chagrin à rédemption, cette histoire réussit à nous les rendre proches, intimement et douloureusement proches.

Porté par une remarquable direction d’acteurs - les actrices Lubna Azabal et Nisrin Erradi transforment en or une trame pourtant assez simple - le film répète les moments sans paroles offrant à ses interprètes un terrain de jeu inouï. Et si nous partageons l’intimité de ces femmes, c’est qu’elles sont essentiellement filmées en gros plan par une caméra délicate et pudique: en permanence attentive à la profondeur des émotions, à l’usure, tout comme à la tendresse, la caméra de Maryam Touzani insuffle du sacré dans le profane, et élève, dans quelques séquences bouleversantes, l’ordinaire en mysticisme.
Aussi, la grâce, ici, est contenue dans la maîtrise d’une mise en scène efficace, épurée, parfois frémissante, qui, en se refusant à l’exercice de style (on rappelle qu’il s’agit là d’un premier film), rapproche son œuvre de la perfection. Véritable art économe en misérabilisme, en longueurs larmoyantes, le film file tranquillement vers la concrétisation de sa démarche: nous permettre d’approfondir notre connaissance de nous-mêmes. Nous, femmes et hommes.

Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 18
Georges Blanc 17